Mémoires et thèses sur l’anarchisme

Mémoires et thèses sur l’anarchisme

Mémoires et thèses en langue française sur l’anarchisme.
Thèses présentées avec l’autorisation de leurs auteurs après examen par un comité de lecture.

« Le titre "les anarchismes" peut étonner, puisque par définition l’anarchisme est pluriel. De plus, l’Université imagine souvent l’histoire du mouvement en imposant ses propres chimères au générique. Il y a donc, hors de la mouvance libertaire, un "anarchisme" fantasmé par ceux qui font et défont l’opinion.

Ainsi, sauf quelques historiens sérieux, beaucoup d’universitaires qualifient d’anarchistes les poses ou les rodomontades d’écrivains ou d’artistes qui veulent se mettre en scène ; plus souvent encore, ils identifient "violence" et "anarchisme". Ils ignorent que cela fait un siècle qu’il n’y a plus d’attentats individuels organisés par les anarchistes en France. En revanche, ils ont oublié que le premier acte de piraterie aérienne dans l’histoire a été commis par l’Etat français.

D’où un contraste très net entre les travaux, notamment en histoire, qui dans cinq ou six universités posent des questions intéressantes, et le vide ou les sottises des autres institutions dites de recherche, particulièrement des facultés de droit. En fait, le nombre total de ces travaux est bien inférieur aux études similaires en langue anglaise. Il est manifeste que l’anarchisme est bien souvent un sujet à éviter si l’on veut faire carrière à l’université française.

L’approche anthropologique, inaugurée par Alain Pessin et ses étudiants, vient heureusement ouvrir de nouvelles avenues, dans le domaine de l’imaginaire. Néanmoins, les historiens occupent la majeure partie du terrain, les études sur la philosophie, l’esthétique, l’urbanisme ou l’économie sont rarissimes, et les rapports de la pensée anarchiste avec la modernité et la post-modernité, dont la recherche américaine est particulièrement friande, sont encore dans les limbes. Au demeurant, c’est encore dans les travaux de langue anglaise qu’on trouve le plus d’études sur la situation française, particulièrement dans le domaine de l’art.

Malgré quelques analyses remarquables, dont on peut espérer qu’elles se multiplieront, le lecteur francophone trouvera plus souvent son bonheur dans des ouvrages non universitaires qui abordent des champs nouveaux tels que la place des anarchistes dans la Résistance, la critique libertaire de la bureaucratie ou les rapports de l’utopie à l’histoire. »

—Ronald Creagh

Pour toute question ou reproduction des textes, écrire à Ronald Creagh.

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