L’Entr’aide, un facteur de l’évolution

Ad Nauseam - 18/11/2010
Image:L'Entr'aide, un facteur de l'évolution

"La lutte pour l’existence et l’association pour la lutte"
Pierre Kropotkine

L’Entr’aide, un facteur de l’évolution, d’après l’édition Alfred Costes, 1938. (Première édition : 1906)

Notes

1 Origine des espèces, ch. III.

2 Nineteenth Century, février 1888, p. 165.

3 Sans parler des écrivains antérieurs à Darwin, comme Toussenel, Fée et bien d’autres, plusieurs ouvrages contenant nombre d’exemples frappants d’aide mutuelle, mais ayant principalement rapport à l’intelligence animale avaient paru avant cette date. Je puis citer ceux de Houzeau, Les facultés mentales des animaux, 2 vol., Bruxelles, 1872 ; Aus dem Geistesleben der Thiere, de L. Büchner, 2e édition en 1877, etUeber das Seelenleben der Thiere de Maximilian Perty, Leipzig, 1876. Espinas publia son très remarquable ouvrage, Les sociétés animales, en 1877 ; dans cet ouvrage il faisait ressortir l’importance des sociétés animales pour la conservation des espèces, et engageait une discussion des plus intéressantes sur l’origine des sociétés. En réalité le livre d’Espinas contient déjà tout ce qui a été écrit depuis sur l’aide mutuelle et beaucoup d’autres bonnes choses. Si cependant je fais une mention spéciale du discours de Kessler, c’est parce que celui-ci a élevé l’aide mutuelle à la hauteur d’une loi, beaucoup plus importante pour l’évolution progressive que la loi de la lutte réciproque. Les mêmes idées furent exposées l’année suivante (en avril 1881), par J. de Lanessan dans une conférence publiée en 1882 sous ce titre : La lutte pour l’existence et l’association pour la lutte. Le très important ouvrage de G. Romanes, Animal Intelligence, parut en 1882 et fut suivi l’année d’après par Mental Evolution of the Animals. Déjà dès 1879 Büchner avait publié un autre ouvrage très remarquable, Liebe und Liebes-Leben in der Thierwelt, dont une seconde édition, très augmentée, parut en 1885. Comme on le voit, l’idée était dans l’air.

4 Mémoires (Trudy) de la Société des naturalistes de Saint-Pétersbourg, vol. XI, 1880.

5 Voyez appendice I.

6 Voyez appendice I.

7 Animal Intelligence, de George J. Romanes, p. 233.

8 Des ouvrages comme Les fourmis indigènes de Pierre Huber, Genève, 1861 (reproduction populaire de ses Recherches sur les fourmis, Genève, 1810) ; Recherches sur les fourmis de la Suisse de Forel, Zurich, 1874 ; et Harvesting Ants and Trapdoor Spiders de J. T. Moggridge, Londres 1873 et 1874, devraient être entre les mains de tous les jeunes gens. Voyez aussi Les métamorphoses des insectes, de Blanchard, Paris, 1868 ; Les souvenirs entomologiques, de J.-H. Fabre, 8 vol., Paris, 1879-1890 ; Les études des mœurs des fourmis, d’Ebrard, Genève, 1864 ;Ants, Bees and Wasps, de John Lubbock et autres analogues.

9 Recherches de Forel, pp. 243, 244, 279. La description de ces mœurs par Huber est admirable. On y trouve aussi quelques indications touchant l’origine possible de l’instinct (édition populaire, pp. 158, 160). - Voir Appendice II.

10 L’agriculture des fourmis est si merveilleuse que pendant longtemps on n’a pas voulu y croire. Le fait est maintenant si bien prouvé par M. Moggridge, le Dr Lincecum, M. Mac Cook, le colonel Sykes et le Dr Jerdon, que le doute n’est plus possible Voyez un excellent résumé qui met ces faits en évidence dans l’ouvrage de M. Romanes. voyez aussi Die Pilzgärten einiger Süd-Amerikanischen Ameisen, par Alf. Mœller, dans les Botanische Mitteilungen aus den Tropen, de Schimper, VI, 1893.

11 Ce second principe ne fut pas reconnu tout d’abord. Les premiers observateurs parlaient souvent de rois, de reines, de chefs, etc. ; mais depuis que Huber et Forel ont publié leurs minutieuses observations, il n’est plus possible de douter de l’étendue de la liberté laissée à l’initiative individuelle dans tout ce que font les fourmis, même dans leurs guerres.

12 H. W. Bates, The Naturalist on the River Amazons, II, 59 et suivantes.

13 Phénomènes périodiques de la vie des mammifères, des oiseaux et des reptiles de Voroneje, par N. Siévertsoff, Moscou, 1885 (en russe).

14 La vie des animaux de A. Brehm, III, 477, toutes les citations sont faites d’après l’édition française.

15 Bates, p. 151

16 Catalogue raisonné des oiseaux de la faune pontique, dans le voyage de Demidoff ; résumé par Brehm (III, 360). Pendant leurs migrations les oiseaux de proie s’associent souvent. Un vol que H. Seebohm vit traversant les Pyrénées, présentait un curieux assemblage de « huit milans, une grue et un faucon pérégrin „ (Les oiseaux de Sibérie, 1901, p. 417).

17 Birds in the Northern Shires, p. 207

18 Max Perty, Ueber das Seelenleben der Thiere (Leipzig, 1876), pp. 87, 103

19 The House-Sparrow, par G. H. Gurney (Londres, 1885), p.5.

20 Dr Elliot Couës, Birds of the Kerguelen Islands, dans les Smithsonian Miscellaneous Collections, vol. XIII, n° 2, p. 11.

21 Brehm, IV, 567.

22 Voici comment un observateur de la Nouvelle-Zélande, M. T. W. Kirk, décrit une attaque des « impudents » moineaux contre un « infortuné » faucon. « Il entendit un jour un bruit tout à fait insolite, comme si tous les petits oiseaux du pays se livraient une grande querelle. En regardant autour de lui, il vit un grand faucon (C. Gouldi - un charognard) assailli par une bande de moineaux. Ils s’acharnaient à se précipiter sur lui par vingtaines, et de tous les côtés à la fois. Le malheureux faucon était tout à fait impuissant. Enfin, s’approchant d’un buisson, le faucon se précipita dedans et s’y cacha, tandis que les moineaux se rassemblaient en groupes autour du buisson, continuant de faire entendre un caquetage et un bruit incessant. » (Communication faite à l’Institut de la Nouvelle-Zélande, Nature, 10 octobre 1891).

23 Brehm, IV, p. 671 et suivantes.

24 R Lendenfeld, Der zoologische Garten, 1889.

25 Phénomènes périodiques, de Sievertsoff (en russe), p. 251.

26 Seyfferlitz, cité par Brehm, IV, 760.

27 The Artic Voyages de A. E. Nordenskjöld, Londres, 1879, p. 185. Voir aussi l’excellente description des îles Saint-Kilda, par M. Dixon (cité par Seebohm), ainsi que presque tous les livres de voyages dans les régions arctiques

28 Voir appendice III.

29 Elliot Couës, dans Bulletin U. S. GeoL Survey of Territories, IV, n° 7, pp. 556, 579, etc. Parmi les goélands (Larus argentatus), Poliakoff vit, dans un marais de la Russie du Nord, que la région des nids d’un très grand nombre de ces oiseaux était toujours gardée par un mâle qui avertissait la colonie à l’approche d’un danger. En ce cas tous les oiseaux accouraient et attaquaient l’ennemi avec une grande vigueur. Les femelles, qui avaient cinq ou six nids réunis sur chaque tertre du marais, observaient un certain ordre pour quitter leurs nids et aller chercher leur nourriture. Les jeunes oiseaux, qui par eux-mêmes sont absolument sans protection et deviennent facilement la proie des rapaces, n’étaient jamais laissés seuls. (« Habitudes de famille parmi les oiseaux aquatiques », dans les Procès-verbaux de la Section de zoologie de la Société des naturalistes de Saint-Pétersbourg, 17 décembre 1874.)

30 Brehm le père cité par A. Brehm, IV, 34 et suiv. Voyez aussi White, Natural History of Selborne, Lettre XI.

31 Dr Couës, Oiseaux du Dakota et du Montana dans le Bulletin of the U. S. Survey of the Territories, IV, n° 7.

32 On a souvent dit que les plus gros oiseaux transportent parfois quelques-uns des plus petits quand ils traversent ensemble la Méditerranée, mais le fait demeure douteux. D’un autre côté il est certain que des petits oiseaux se joignent à de plus gros pour les migrations ; le fait a été noté plusieurs fois et il a été récemment confirmé par L. Buxbaum à Raunheim. Il vit plusieurs bandes de grues avec des alouettes volant au milieu et sur les deux côtés de leurs colonnes de migration. (Der zoologische Garten, 1886, p. 133.)

33 H. Seebohm et Ch. Dixon mentionnent tous les deux cette habitude.

34 Le fait est bien connu de tous les naturalistes explorateurs, et en ce qui concerne l’Angleterre, on trouve plusieurs exemples dans le livre de Ch. Dixon, Among the Birds in Northern Shires. Les pinsons arrivent pendant l’hiver en grandes bandes, et à peu près au même moment, c’est-à-dire en novembre, arrivent des bandes de pinsons des montagnes ; les grives mauvis fréquentent les mêmes endroits « en grandes compagnies semblables », et ainsi de suite (pp. 165 et 166).

35 S. W. Baker, Wild Beasts, etc., vol, I, p. 316.

36 Tschadi, Thierleben der Alpenwelt, p. 404.

37 Houzeau, Études, II, 463.

38 A propos de leurs associations pour la chasse, voyez Natural History of CeylAn de sir E. Tennant, citée dans Animal Intelligence de Romanes, p. 432.

39 Voyez la lettre d’Emile Hüter dans Liebe de Büchner.

40 Voyez appendice IV.

41 En ce qui regarde le viscache, il est intéressant de remarquer que ces petits animaux si éminemment sociables non seulement vivent pacifiquement ensemble dans chaque village, mais que la nuit des villages entiers se rendent visite les uns aux autres. Ainsi la sociabilité s’étend à l’espèce tout entière, pas seulement à une société spéciale, ou à une nation comme nous l’avons vu chez les fourmis. Quand un fermier détruit un terrier de viscaches et enterre les habitants sous un tas de terre, d’autres viscaches, nous dit Hudson, « viennent de loin pour déterrer ceux qui sont enterrés vivants » (loc. cit., p. 311). Ceci est un fait bien connu dans la région de La Plata et qui a été vérifié par l’auteur.

42 Hanbhuch für Jäger and Jagdberchigte, cité par Brehm, II, 223.

43 Histoire naturelle de Buffon

44 A propos des chevaux, il est à remarquer que le zèbre couagga qui ne se réunit jamais au zèbre dauw vit cependant en excellents termes, non seulement avec les autruches, qui sont de très bonnes sentinelles, mais aussi avec des gazelles, ainsi qu’avec plusieurs espèces d’antilopes et les gnous. Nous avons ainsi un cas d’antipathie entre le couagga et le dauw qu’on ne peut expliquer par leur compétition pour la même nourriture. Le fait que le couagga vit en bons termes avec des ruminants se nourrissant de la même herbe que lui exclut cette hypothèse, et il doit y avoir quelque incompatibilité de caractère, comme dans le cas du lièvre et du lapin. Cf. entre autres, Big Game Shooting de Clive Phillips-Wolley (Badmington Library) qui contient d’excellents exemples d’espèces différentes vivant ensemble dans l’Est de l’Afrique.

45 Notre chasseur Toungouse, qui allait se marier, et qui par conséquent était poussé par le désir de se procurer autant de fourrures qu’il lui serait possible, parcourait les flancs des collines tout le long du jour à cheval à la recherche des chevreuils. En récompense de ses efforts il n’arrivait pas même à en tuer un chaque jour ; et c’était un excellent chasseur.

46 Suivant Samuel W. Baker, les éléphants s’unissent en groupes plus nombreux que les « familles composées ». « J’ai fréquemment observé, écrit-il, dans la partie de Ceylan, connue sous le nom de Région du Parc, des traces d’éléphants en grand nombre provenant évidemment de troupeaux considérables qui s’étaient unis pour opérer une retraite générale d’un territoire qu’ils considéraient comme dangereux », (Wild Beasts and their Ways, vol. I, p. 102.)

47 Les porcs attaqués par les loups font de même (Hudson, loc. cit.).

48 L’intelligence des animaux de Romanes, p. 472

49 Brehm, I, 82 ; Descent of Man de Darwin, ch. III. L’expédition Kozloff de 1899-1901 eut à soutenir un combat semblable dans le Nord du Thibet.

50 Il n’en est que plus étrange de lire dans un article déjà cité de Huxley la paraphrase suivante d’une phrase bien connue de Rousseau : « Les premiers hommes qui substituèrent la paix mutuelle à la guerre mutuelle - quel que soit le motif qui les força à faire ce progrès - créèrent la société. » (Nineteenth Century, février 1888, p. 165.) - La société n’a pas été créée par l’homme, elle est antérieure à l’homme.

51 Des monographies telles que le chapitre, « La musique et la danse dans la nature » dans le livre de Hudson : Naturalist on the La Plata et l’ouvrage de Carl Gross : Les jeux des animaux ont déjà jeté une vive lumière sur cet instinct qui est absolument universel dans la nature.

52 Non seulement de nombreuses espèces d’oiseaux ont l’habitude de s’assembler (souvent à un endroit fixe) pour s’amuser et pour danser, mais d’après les observations de W. H. Hudson tous les mammifères et les oiseaux (« il n’y a probablement pas d’exception ») se livrent fréquemment à des séries de récréations, chants, danses et exercices, plus ou moins organisés et accompagnés de bruits et de chants (p. 264).

53 Pour les chœurs de singes, voir Brehm.

54 Haygarth, Bush Life in Australia, p. 58.

55 Pour ne citer que quelques exemples : un blaireau blessé fut emporté par un autre blaireau arrivé soudain ; on a vu des rats nourrir un couple de rats aveugles (Seelenleben der Thiere, p. 64 et suivantes). Brehm a vu lui-même deux corneilles qui nourrissaient dans le creux d’un arbre une troisième corneille blessée ; la blessure datait déjà de plusieurs semaines (Hausfreund, 1874, 715 ; Liebe, de Büchner, 203). M. Blyth a vu des corneilles de l’Inde nourrir deux ou trois de leurs camarades aveugles, etc.

56 Man and Beast, p. 344

57 L. H. Morgan, The American Beaver, 1868, p. 272 ; Descent of Man, chap. IV.

58 Une espèce d’hirondelles est dite avoir causé la décroissance d’une autre espèce d’hirondelles de l’Amérique du Nord ; le récent accroissement des grosses grives (missel-thrush) en Ecosse a causé la décroissance de la grive chanteuse (songthrash) ; le rat brun a pris la place du rat noir en Europe ; en Russie le petit cafard a chassé de partout son grand congénère ; et en Australie l’abeille essaimeuse, qui a été importée, extermine rapidement la petite abeille sans aiguillon. Deux autres cas, mais qui ont trait à des animaux domestiques, sont cités dans le paragraphe précédent. Mais A. R. Wallace, qui rappelle les mêmes faits, remarque dans une note sur les grives d’Écosse : « Cependant le professeur A. Newton m’informe que ces espèces ne se nuisent pas de la façon racontée ici. » (Darwinism, p. 34.) Quant au rat brun on sait que par suite de ses habitudes d’amphibie, il reste habituellement dans les parties basses de nos habitations (caves profondes, égouts, etc.) ainsi que sur les rives des canaux et des rivières ; il entreprend aussi de lointaines migrations en bandes innombrables. Le rat noir au contraire préfère rester dans nos maisons mêmes, sous les planches et dans les écuries ou les granges. Ainsi il est beaucoup plus exposé à être exterminé par l’homme, et c’est pourquoi on n’a pas le droit d’affirmer que le rat noir est exterminé ou affamé par le rat brun et non par l’homme.

59 (l’absence d’italiques dans notre cas...)

60 « Mais on peut affirmer que lorsque plusieurs espèces proches parentes habitent le même territoire, nous devrions sans doute trouver aujourd’hui beaucoup de formes de transition... D’après ma théorie ces espèces parentes descendent d’un ancêtre commun ; et pendant le cours des modifications, chacune s’est adaptée aux conditions de vie de sa propre région, et a supplanté et exterminé la variété ancestrale ainsi que toutes les variétés transitoires entre son état passé et présent. » (Origin of Species, 6e ed., p. 134 et aussi pp. 137, 296, - et tout le paragraphe : « Sur l’extinction ».)

61 Suivant Mme Marie Pavloff, qui a fait une étude spéciale de ce sujet, ils émigrèrent d’Asie en Afrique, y restèrent un certain temps et retournèrent ensuite en Asie. Que cette double migration soit ou non confirmée, le fait que les ancêtres de notre cheval actuel ont vécu autrefois en Asie, en Afrique et en Amérique est établi d’une façon indiscutable

62 The Naturalist on the River Amazons, II, 85, 95.

63 Dr B. Altum, Waldbeschädigungendurch Thiere und Gegenmittel (Berlin, 1889), p. 307 et suiv.

64 Dr B. Altum, même ouvrage, p. 13 et p. 187

65 A. Becker, dans le Bulletin de la Société des Naturalistes de Moscou, 1889, p. 625.

66 Voyez appendice V.

67 Russkaya Mysl, sept. 1888 : « La théorie du bienfait de la lutte pour la vie, préface à différents traités sur la botanique, la zoologie et la vie humaine », par Un vieux Transformiste.

68 « Un des modes d’action les plus fréquents de la sélection naturelle est l’adaptation de quelques individus d’une espèce donnée à une façon de vivre un peu différente, ce qui les rend capables d’occuper une nouvelle place dans la nature » (Origin of Species, p. 145) - en d’autres termes, éviter la concurrence.

69 Voyez appendice VI.

70 Nineteenth Century, février 1888, p. 165.

71 The Descent of Man, fin du chap. II, p. 63 et 64 de la 2e édition.

72 Certains anthropologistes qui se rangent complètement aux théories ci-dessus énoncées en ce qui regarde l’homme, admettent parfois que les singes vivent en familles polygames, sous la conduite d’« un mâle fort et jaloux ». Je ne sais jusqu’à quel point cette assertion est basée sur des observations concluantes. Mais le passage de La vie des animaux de Brehm, auquel on renvoie quelquefois, ne peut guère être regardé comme concluant en ce sens. Il se trouve dans sa description générale des singes ; mais ses descriptions plus détaillées des espèces séparées ne le confirment pas ou le contredisent. Même en ce qui a trait aux cercopithèques, Brehm est affirmatif pour dire qu’« ils vivent presque toujours par bandes et très rarement en familles » (Édition française, p. 5-9). Quant aux autres espèces, le grand nombre d’individus composant chacune de leurs bandes, qui comprennent toujours beaucoup de mâles, rend la famille polygame plus que douteuse. De plus amples observations sont évidemment nécessaires.

73 Lubbock, Prehistoric Times, 6e édition, 1890.

74 Cette étendue de la nappe de glace est admise aujourd’hui par la plupart des géologues qui ont étudié spécialement l’âge glaciaire. L’institut géologique russe s’est déjà rangé à cette opinion en ce qui concerne la Russie, et la plupart des spécialistes allemands la soutiennent en ce qui concerne l’Allemagne. Quand les géologues français étudieront avec plus d’attention les dépôts glaciaires, ils ne pourront manquer de reconnaître que presque tout le plateau central de la France était couvert de glace.

75 Prehistoric Times, pp. 232 et 242.

76 Les rebuts de cuisine accumulés devant une habitation néolithique dans une fente de rocher à Hastings, et explorés par M. Lewis Abbott, appartiennent à la même catégorie. Ils ont encore cela de remarquable que l’on n’y trouve aucun silex qui puisse être considéré comme une arme de guerre.

77 Bachofen, Das Mutterrecht, Stuttgart, 1861 ; Lewis H. Morgan, Ancient Society, or Researches in the Lines of Human Progress from Savagery through Barbarism to Civilization, New-York, 1877 ; J F. Mac-Lennan, Studies in Ancient History, première série ; nouvelle édition, 1886 ; 2e série, 1896 ; L. Fison et A.-W. Howitt, Kamilaroï and Kurnaï, Melbourne. Ces quatre écrivains - comme l’a fort bien remarqué Giraud Teulon -partant de faits différents et d’idées générales différentes, et suivant différentes méthodes, sont arrivés à la même conclusion. Nous devons à Bachofen la connaissance de la famille maternelle et de la succession maternelle ; à Morgan, le système de parenté malayen et touranien, et une esquisse très perspicace des principales phases de l’évolution humaine ; à Mac-Lennan la loi de l’exogénie ; et à Fison et Howitt les grandes lignes ou le schéma des sociétés conjugales en Australie. Tous les quatre aboutissent au même fait de l’origine tribale de la famille. Quand Bachofen attira le premier l’attention sur la famille maternelle, dans son ouvrage qui fit époque, et quand Morgan décrivit l’organisation par clans - tous les deux s’accordant à reconnaître l’extension presque générale de ces formes d’organisation et soutenant que les lois du mariage étaient la base même des progrès consécutifs de l’évolution humaine, - on les accusa d’exagération. Cependant les recherches les plus attentives poursuivies depuis par une phalange d’historiens du droit ancien, ont prouvé que toutes les races de l’humanité montrent des traces de phases analogues de développement des coutumes du mariage, telles que nous les voyons actuellement en vigueur chez certains sauvages. Voir les œuvres de Post, Dargun, Kovalevsky, Lubbock et leurs nombreux continuateurs : Lipper, Mucke, etc.

78 Voir appendice VII.

79 Pour les Sémites et les Aryens, voyez particulièrement La loi primitive (en russe) du professeur Masim Kovalevsky, Moscou, 1886 et 1887 ; aussi les conférences qu’il a faites à Stockholm et publiées en français (Tableau des origines de la famille et de la propriété, Stockholm, 1890) qui sont une admirable analyse de toute cette question. Comparez aussi A. Post, Die Geschlechts-genossenschaft der Urzeit, Oldenbourg, 1875.

80 Il serait impossible de discuter ici l’origine des restrictions du mariage. Qu’on me permette seulement de faire remarquer qu’une division en groupes, semblable aux Hawaiens de Morgan, existe parmi les oiseaux : les jeunes couvées vivent séparées de leurs parents. Une pareille division se retrouverait très probablement aussi chez quelques mammifères. Quant à la prohibition des mariages entre frères et sœurs, elle est venue très probablement, non de spéculations touchant les mauvais effets de la consanguinité, spéculations qui ne semblent guère probables, mais afin d’éviter la précocité trop facile de semblables mariages. Avec une cohabitation étroite, la nécessité d’une telle restriction s’imposait impérieusement. Je dois aussi faire remarquer qu’en examinant l’origine de nouvelles coutumes, nous devons nous souvenir que les sauvages, comme nous, ont leurs « penseurs » et leurs savants - sorciers, docteurs, prophètes, etc., dont les connaissances et les idées sont en avance sur celles des masses. Avec leurs associations secrètes (encore un trait presque universel) ils sont certainement capables d’exercer une influence puissante et d’imposer des coutumes dont l’utilité peut n’avoir pas encore été reconnue par la majorité de la tribu.

81 Colonel Collins dans les Researches in South Africa, par Philips, Londres, 1828. Cité par Waitz, II, 334.

82 Lichtenstein, Relsen im Südlichen Africa, II, PP. 92-97.

83 Waitz, Anthropologie der Naturvölker, II, p. 335 et suivantes. Voir aussi Fritsch, Die Eingeborenen Africas, Breslau, 1872, p. 383 et suiv. ; et Drei Jahre in Süd Africa. Aussi W. Bleck, A Brief Account of Bushmen Folklore, Capetown, 1875.

84 Élisée Reclus, Géographie universelle, XIII

85 P. Kolben, The present State of the Cape of Good Hope, traduit de l’allemand par Mr. Medley, London, 1731, voL 1, pp. 59, 71, 333, 336, etc.

86 Cités dans l’Anthropologie de Waitz, II, p. 335 et suiv.

87 Les indigènes qui vivent au Nord de Sydney et parlent le kamilaroï, sont le mieux étudiés sous ce rapport dans l’ouvrage excellent de Lorimer Fison et A. W. Howitt, Kamilaroï et Kurnaï. Melbourne, 1880. Voir aussi A. W. Howitt « Further Note on the Australian Class Systems » dans le Journal of the Anthropological Institute, 1889, vol. XVIII, p. 31, où l’auteur montre la grande extension de la même organisation en Australie.

88 he Folklore, Manners, etc., of Australian Aborigines, Adelaïde, 1879, p. 11.

89 Grey, Journal of Two Expeditions of Discovery in North West and Western Australia, London, 1841, vol. II, pp. 237, 298.

90 Bulletin de la Société d’Anthropologie, 1888, vol. XI, p. 652. J’abrège les réponses.

91 Même Bulletin, 1888, vol. XI, p. 386.

92 La même chose se pratique chez les Papous de Kaïmani-Bay, qui ont une grande réputation d’honnêteté. « Il n’arrive jamais que le Papou soit infidèle à sa promesse », dit Finsch dans Neuguinea und seine Bewohner, Brême, 1865, p : 829.

93 Isvestia de la Société géographique de Russie, 1880, p. 161 et suiv. Peu de livres de voyages donnent un meilleur aperçu des petits détails de la vie de chaque jour des sauvages que ces fragments de notes de Maclay.

94 L. F. Martial, Mission scientifique au cap Horn, Paris, 1883, vol. I, p. 183-201.

95 Expédition à l’Est du Groenland, par le capitaine Holm.

96 En Australie, on a vu des clans entiers échanger toutes leurs femmes pour conjurer une calamité (Post, Studien zur Entwicklungsgeschischle des Familienretchs, 1890, p. 342). Une plus grande fraternité, voilà leur spécifique contre les calamités

97 Dr H. Rink, The Eskimo Tribes, p. 26 (Meddeleiser om Grönland, vol. XI, 1887).

98 Dr Rink. loc. cit., p. 24. Les Européens élevés dans le respect du droit romain sont rarement capables de comprendre la force de l’autorité de la tribu. « En fait, écrit le Dr Link, ce n’est pas une exception, mais bien la règle, que les hommes blancs qui sont restés dix ou vingt ans parmi les Esquimaux, s’en retournent sans avoir vraiment rien appris sur les idées traditionnelles qui forment la base de l’état social des indigènes. L’homme blanc, qu’il soit missionnaire ou commerçant, a l’opinion dogmatique bien arrêtée que le plus vulgaire Européen est supérieur à l’indigène le plus distingué. » - The Eskimo Tribes, p. 31

99 Dall, Alaska and its Resources, Cambridge U. S., 1870.

100 Dall l’a vu dans le territoire d’Alaska, Jacobsen à Ignitok dans le voisinage du détroit de Bering ; Gilbert Sproat mentionne le même fait chez les Indiens de Vancouver. Le Dr Rink qui décrit les expositions périodiques dont nous venons de parler, ajoute : « Le principal usage de l’accumulation des richesses est la distribution périodique. » Il mentionne aussi (loc. cit., p. 31) « la destruction de biens dans le même but » (celui de maintenir l’égalité.

101 Voir appendice VIII.

102 Veniaminoff, Mémoires relatifs au district de Unalashka (en russe), 3 vol., Saint-Pétersbourg, 1840. Dall a donné des extraits en anglais de ces mémoires dans Alaska. Une description semblable de la morale des Australiens se trouve dans Nature, XLII, p. 639.

103 Il est tout à fait intéressant de remarquer que plusieurs écrivains (Middendorff, Schrenk, O. Finsch) ont décrit les Ostyaks et les Samoyèdes presque dans les mêmes termes. « Même quand ils sont ivres leurs querelles sont insignifiantes ». « Durant cent ans un seul meurtre fut commis dans la toundra. » « Leurs enfants ne se battent jamais. » « On peut laisser quoi que ce soit, pendant des années, dans la toundra, même de la nourriture ou de l’eau-de-vie, personne n’y touchera. » Et ainsi de suite. Gilbert Sproat n’a « jamais été témoin d’une bataille entre deux natifs n’ayant pas bu » chez les Indiens Aht de l’île de Vancouver. » « Les querelles sont rares aussi parmi les enfants. » (Rink, loc. cit.) et ainsi de suite.

104 Gill, cité dans l’Anthropologie de Gerland et Waitz, V, 641. Voir aussi pp. 636-640, où sont cités beaucoup de faits d’amour paternel et d’amour filial.

105 Élie Reclus, Les Primitifs, Paris, 1885.

106 Gerland, loc. cit., V. 636.

107 Erskine, cité dans l’Anthropologie de Gerland et Waitz, V. 640.

108 W. T. Pritchard,Polynesian Reminiscenses, London, 1866, p. 363.

109 Il est à remarquer qu’en cas de sentence de mort, personne ne veut prendre sur soi d’être l’exécuteur. Chacun jette sa pierre ou donne son coup avec la hache, évitant soigneusement de donner un coup mortel. A une époque postérieure ce sera le prêtre qui frappera la victime avec un couteau sacré. Encore plus tard ce sera le roi, jusqu’à ce que la civilisation invente le bourreau payé. Voyez sur ce sujet les profondes remarques de Bastian dans Der Mensch in der Geschichte, III, Die Blutrache, pp. 1-36. Un reste de cet usage très ancien, me dit le professeur E. Nys, a survécu dans les exécutions militaires jusqu’à nos jours. Jusqu’au milieu du XIXème siècle, on avait l’habitude de charger les fusils des douze soldats, désignés pour tirer sur le condamné, avec onze cartouches à balles et une cartouche à blanc. Comme les soldats ne savaient pas lequel d’entre eux avait cette dernière, chacun pouvait consoler sa conscience en pensant qu’il n’était point meurtrier.

110 En Afrique, et ailleurs aussi, c’est une habitude très répandue que si un vol a été commis le clan voisin doit rendre l’équivalent de la chose volée, et puis chercher lui-même à découvrir le voleur. A. H. Post, Afrikanische Jurisprudenz, Leipzig, 1887, vol. I, p 77

111 Voyez Coutumes modernes et la loi ancienne (en russe) du professeur Maxim Kovalevsky, Moscou, 1886, vol. II, qui contient des considérations importantes sur ce sujet.

112 Voyez Carl Bock, The Head-Hunters of Borneo, London, 1881. Cependant, sir Hugh Law, qui a été pendant longtemps gouverneur de Bornéo, me dit que la « chasse aux têtes » décrite dans ce livre est très exagérée. Il parle, au contraire, des Dayaks absolument dans les mêmes termes sympathiques que Ida Pfeiffer. Je peux ajouter que Mary Kingsley, dans son livre sur l’Afrique occidentale, parle dans les mêmes termes sympathiques des Fans, qui avaient été représentés auparavant comme les plus « terribles cannibales ».

113 Ida Pfeiffer, Meine zweite Weltreise, Vienne, 1866, vol. I, p. 116 et suiv. Voir aussi Muller et Temminch, Dutch Possessions in Archipelagic India, cité par Élisée Reclus dans la Géographie universelle, XIII.

114 Descent of Man, seconde édition, pp. 63 et 64.

115 Voir Mensch in der Geschichte de Bastian, III, p. 7. Voir aussi Grey, loc. cit., p. 238.

116 Miklukho-Maclay, loc. cit. Même habitude chez les Hottentots et chez les Cafres, paraît-il, jusqu’à nos jours

117 On rencontre dans l’Asie centrale, occidentale et septentrionale des traces innombrables de lacs de la période post-pliocène, maintenant disparus. D’autre part, des coquillages des mêmes espèces que celles qui vivent actuellement dans la mer Caspienne sont répandus sur la surface du sol à l’Est de cette mer, jusqu’à moitié route du lac Aral ; on en trouve dans des dépôts récents vers le Nord jusqu’à Kazan, et des traces de golfes dépendants de la mer Caspienne, que l’on supposait autrefois être d’anciens lits de l’Amou, sillonnent le territoire turcoman, Nous devons naturellement tenir compte des oscillations qui ne seraient que temporaires et périodiques. Mais à part celles-ci, le dessèchement progressif est évident et il procède avec une rapidité inattendue. Même dans les parties relativement humides du Sud-Ouest de la Sibérie, la série de levés, dignes de confiance, publiés par Yadrintseff, montre que des villages qui été construits sur ce qui était, il y a quatre-vingts ans, le fond d’un des lacs du groupe Tchani ; tandis que les autres lacs du même groupe, qui couvraient des centaines de kilomètres carrés il y a environ cinquante ans, sont maintenant de simples étangs. Bref, le dessèchement du Nord-Ouest de l’Asie est une marche dont nous pouvons compter les étapes par des siècles, au lieu de nous servir des unités de temps géologiques dont nous avions l’habitude de parler.

118 Des civilisations entières ont ainsi disparu, comme il est maintenant prouvé parles découvertes remarquables faites en Mongolie sur l’Orkhon, dans la dépression de Louktchoun, dans les déserts du Takla-maklan, autour du Lob-nor, etc. (travaux de Yadrintseff, Dmitri Clemens, Sven Hedin, Kozloff, etc.).

119 Si je me conforme en cela aux opinions de Nassé, Kovalevsky et Vinogradov (pour ne nommer que les spécialistes modernes) et non à celles de M. Seebohm (M. Denman Ross ne peut être cité que pour mémoire) ce n’est pas seulement à cause de la science profonde et la concordance de vues de ces trois écrivains, mais aussi à cause de leur parfaite connaissance de la commune villageoise sous toutes ses formes, en Angleterre comme ailleurs, - connaissance dont le défaut se fait beaucoup sentir dans l’ouvrage, remarquable d’ailleurs, de M. Seebohm. La même observation s’applique encore davantage aux si élégants écrits de Fustel de Coulanges, dont les opinions et les interprétations passionnées des anciens textes lui sont particulières.

120 Les travaux concernant la communauté villageoise sont si nombreux qu’on ne peut en citer que quelques-uns. Les ouvrages de sir Henry Maine, de Seebohm et de Walter (Das alte Wallis, Bonn, 1859) sont des sources d’informations populaires et bien connues pour l’Écosse, l’Irlande et le pays de Galles. Pour la France, P. Viollet, Précis de l’histoire du droit français : Droit privé, 1886, et plusieurs de ses monographies dans la bibliothèque de l’École des Chartes ; Babeau, Le village sous l’ancien régime (le mir au XVIIIème siècle), 3e édition, 1887 ; Bonnemère, Doniol, etc. Pour l’Italie et la Scandinavie les ouvrages principaux sont cités dans le livre de Laveleye, Propriété Primitive, traduction allemande par K. Bücher. Pour les Finnois, Rein, Foreläsningar, I-16 ; Koskinen, Finnische Geschichte, 1874, et différentes monographies. Pour les peuples de Livonie et de Courlande, le professeur Loutchitsky dans Sévernyi Vestnik, 1891. Pour les Teutons, outre les ouvrages bien connus de Maurer, Sohm (Alfdeutsche Reichs-und Geriehts-Verfassung) ainsi que Dahn (Urzeit, Völkerwanderung, Langobardische Studien), Jansen, Wilhelm Arnold, etc. Pour l’Inde, outre H. Maine et les ouvrages qu’il cite, sir John Phear, Aryan village. Pour la Russie et les Slavons au Sud, voir Kavelin, Posnikoff, Sokolovsky, Kovalevsky, Efimenko, Ivanicheff, Klaus, etc. (un copieux index bibliographique, jusqu’à 1880, dans le Sbornik svédeniï ob obschinye de la Soc. Géog. russe). Pour les conclusions générales, outre Propriété primitive de Laveleye, voyez Morgan, Ancient Society ; Lippert, Kulturgeschichte ; Post, Dargun, etc. Voir aussi les conférences de M. Kovalevsky (Tableau des origines et de l’évolution de la famille et de la propriété, Stockholm, 1890). Bien des monographies spéciales devraient être mentionnées ; on peut trouver leurs titres dans les excellentes listes données par P. Viollet dans Droit privé et Droit public. Pour les autres peuples voyez les notes plus loin.

121 Plusieurs autorités sont disposées à considérer la famille composée comme un état intermédiaire entre le clan et la commune villageoise, et il n’y a pas de doute qu’en beaucoup de cas les communes villageoises sont sorties de familles indivises. Cependant je considère la famille composée comme un fait d’ordre différent. Nous la trouvons à l’intérieur des gentes ; d’un autre côté, nous ne pouvons affirmer que la famille composée ait existé à aucune période de l’histoire sans appartenir, soit à une gens, soit à une commune de village, soit à une Gau. Je conçois les premières communes villageoises comme étant nées lentement, mais d’une façon directe des gentes, et se composant, selon les races ou selon les circonstances locales, soit de plusieurs familles composées, soit de familles simples et de familles composées, soit enfin (particulièrement en cas de nouveaux établissements) de familles simples seulement. Si cette façon de voir est juste, on n’aurait pas le droit d’établir la série : gens, famille composée, commune villageoise - le second terme de la série n’ayant pas la même valeur ethnologique que les deux autres, - Voir appendice IX.

122 Stobbe, Beiträge zur Geschichte des deutschen Rechtes, p. 62.

123 On ne rencontre dans la première période barbare, quelques traces de propriété foncière individuelle que chez les peuples qui (tels les Bataves et les Francs en Gaule) ont été pendant un certain temps sous l’influence de la Rome impériale. Voir Inama-Sternegg : Die Ausbiding der grossen Grundherrschaften in Deutschland, V, 1878. Voir aussi Besseler, Neubruch näch dem älteren deutschen Recht, pp. 11-12, cité par Kovalevsky, Coutume moderne et loi ancienne, Moscou, 1886, I, 134.

124 Mir = univers ; monde.

125 Maurer, Markgenossenschaft ; Lamprecht, Wirtschaft und Recht der Franken zur Zeit der Volksrechte dans Historisches Taschenbuch, 1883 ; Seebohm, The English Village Community, chap. VI, VII et IX.

126 Letourneau, dans le Bulletin de la Société d’Anthropologie, 1888, vol. XI, p. 476.

127 Walter, Das alte Wallis, p. 323 ; Dm. Bakradze et M. Khoudadoff (en russe), Zapiski de la Société géographique du Caucase, tome XIV. Partie I.

128 Bamcroft, Native Races ; Waitz, Anthropologie, III, 423 ; Montrosier, dans le Bulletin de la Société d’Anthropologie, 1870 ; Post, Studien, etc.

129 Un certain nombre d’ouvrages, par Ory, Luro, Laudes et Sylvestre sur la commune villageoise dans l’Annam, analysés par M. Jobbé-Duval, dans la Nouvelle Revue historique de droit français et étranger, octobre et décembre 1896, montrent que la commune avait en ce pays la même forme qu’en Allemagne ou en Russie. Une bonne étude de la commune villageoise au Pérou, avant l’établissement du pouvoir des Incas, a été publiée par Heinrich Cunow (Die Soziale Verfassung des Inka Reichs, Stuttgart, 1896). La possession de la terre en commun et la culture en commun sont décrites dans cet ouvrage.

130 Kovalevsky, La coutume moderne et la loi moderne, I, 115.

131 Palfrey, History of New England, II, 13 ; cité dans Village Communities de Maine. New-York, 1876, p. 201.

132 Königswerter, Études sur le développement des sociétés humaines, Paris, 1850.

133 Ceci est du moins la loi des Kalmoucks, dont le droit coutumier montre la plus grande ressemblance avec les lois des Teutons, des vieux Slavons, etc.

134 Cette habitude est encore en vigueur chez beaucoup de tribus africaines et autres.

135 Village Communities, pp. 65-68 et 199.

136 Maurer (Geschichte der Markvefassung, § 29, 97) est tout à fait catégorique sur ce sujet. Il affirme que « tous les membres de la commune,... les seigneurs laïques aussi bien que le clergé, souvent aussi les co-propriétaires partiels (Markbersechtigte) et même des étrangers à la Mark (commune), étaient soumis à sa juridiction ». (p. 312). cette conception resta localement en vigueur jusqu’au XVème siècle.

137 Königswarter, loc. cit., p. 50 ; J. Thrupp, Historical Law Tracts, London, 1843, p. 106.

138 Königswarter a montré que le fred tirait son origine d’une offrande que l’on devait faire pour apaiser les ancêtres. Plus tard, on le paya à la commune pour violation de la paix ; et plus tard encore au juge, au roi ou au seigneur quand ils se furent approprié les droits de la commune.

139 Post, Bausteine et Afrikanische Jurisprudenz, Oldenburg, 1887, vol 1, pp. 64 et suiv. ; Kovadevsky, loc. cit., II, 164-189.

140 O. Miller et M. Kovalevsky « Dans les communautés de Montagnards de la Kabardie », dans Vestnik Evropi, avril 1884. Chez les Shakhsevens de la steppe de Mougan, les querelles sanglantes finissent toujours par un mariage entre les deux côtés hostiles (Markoff, dans l’appendice des Zapiski de la société géographique du Caucase, XIX, I, 21).

141 Post, dans Afrikanische Jurisprudenz, cite une série de faits montrant les conceptions d’équité enracinées chez les barbares africains. On arrive aux mêmes conclusions après tout examen sérieux du droit commun chez les barbares.

142 Voir l’excellent chapitre : « Le droit de la vieille Irlande » (et aussi « Le Haut-Nord ») dans les Études de droit international et de droit politique, par le professeur E. Nys, Bruxelles, 1896.

143 Introduction, p. XXXV.

144 Das alte Wallis, pp, 343-350.

145 Mamoff, « Esquisse des pratiques Judiciaires des Mordoviens, dans les Zapiski ethnographiques de la Société géographique russe, 1885, pp. 236, 237.

146 Henry Maine, International Law, Londres, 1888, pp. 11-13 ; E. Nys, Les origines du droit international, Bruxelles, 1894.

147 Un historien russe, le professeur Schiapoff de Kazan, qui fut exilé en Sibérie en 1862, a donné une bonne description de leurs institutions dans les Izvestia de la société géographique de la Sibérie orientale, vol. V, 1874.

148 Sir Henry Maine, Village communities, New-York, 1876, pp.193-198.

149 Nazaroff, Le territoire du Nord de l’Oussouri (en russe), Saint-Pétersbourg, 1887, p. 65.

150 Hanoteau et Letourneux la Kabylie, 3 vol., Paris, 1883.

151 Lorsqu’on convoque une « aide », il faut offrir un repas aux invités. Un de mes amis du Caucase me dit que, en Géorgie, quand un pauvre homme a besoin d’une « aide », il emprunte a un riche un mouton ou deux pour préparer le repas, et les membres de la commune apportent, outre leur propre travail, autant de provisions qu’il lui en faut pour payer sa dette. Une habitude semblable existe chez les Mordoviens.

152 Hanoteau et Letourneux, La Kabylie, II, 58. Le même respect envers les étrangers est la règle chez les Mongols. Le Mongol qui a refusé son toit à un étranger doit payer entièrement le « prix du sang » si l’étranger a souffert de ce chef. Bastian, Der Mensch in der Geschichte, III, 231.

153 N. Khoudadoff, Notes sur les Khevsoures, dans Zapiski de la Société géographique du Caucase, XIV, Tiflis, I, 1890, p. 68. Ils firent aussi le serment de ne pas épouser de filles nées au sein de leur union ; ceci montre un retour curieux aux anciennes règles de la gens.

154 Dm. Bakradze, « Notes sur le district de Zakataly » dans les mêmes Zapiski, XIV, I, p. 264. Les « équipes en commun » pour le labourage sont aussi fréquentes chez les Lezghines que chez les Ossètes.

155 Voir Post, Afrikanische Jurisprudenz, Oldenburg, 1887 ; Munzinger, Ueber das Recht und Sillen der Bogos, Winterthur, 1589 ; Casalis,Les Basoutos, Paris, 1859 ; Maclean, Kafir Laws and Customs, Mount Coke, 1858, etc.

156 Waitz, III, 423 et suiv.

157 Post, Studien zur Entwiciklungsgeschichte des Familien-Rechts, Oldenburg, 1889, p. 270 et suiv.

158 Powell, Annual Report of the Bureau of Ethnography, Washington, 1881, cité dans les Studien de Post, p. 290 ; Bastian, Inselgruppen in Oceanien, 1888, p. 88.

159 De Stuers, cité par Waitz, V, 141.

160 W. Arnold, dans Wanderungen und Ansiedelungen der deutschen Stamme, p. 431, assure même que la moitié des terres labourables aujourd’hui dans le centre de l’Allemagne doit avoir été défrichée du VI° au IX° siècle. Nitzsch (Geschichte des deutschen Volkes, Leipzig, 1888, vol. I) partage la même opinion.

161 Leo et Botta, Histoire d’Italie, édition française, 1844, t. I, p. 37.

162 La somme à payer pour le vol d’un simple couteau était de 15 solidi, et pour les ferrures d’un moulin, 45 solidi (voir sur ce sujet Lamprecht,Wirthschaft und Recht der Franken, dans Raumer, Historisches Taschenbach, 1883, p. 52). Suivant la loi ripuaire, l’épée, la lance ou l’armure de fer d’un guerrier atteignait la valeur d’au moins 25 vaches ou deux années de travail d’un homme libre. Une cuirasse seule était évaluée dans la loi salique (Desmichels, cité par Michelet) à 36 boisseaux de blé.

163 La principale richesse des chefs consista pendant longtemps en domaines personnels peuplés en partie d’esclaves prisonniers, mais surtout d’hommes libres amenés à s’établir de la façon qui vient d’être décrite. Sur l’origine de la propriété, voir Inama Sternegg, Die Ausbildung der grossen Grundberrschaften in Deutschland dans Forschungen de Schmoller, vol. I, 1878 ; F. Dahn, Urgeschichte der germanischen und romanischen Volker, Berlin, 1881 ; Maurer, Dorfverfassung ; Guizot, Essais sur l’histoire de France ; Maine, Village Community ; Botta,Histoire d’Italie ; Seebom, Vinogradov, J. R. Green, etc.

164 Voyez sir Henry Maine, International Law, Londres, 1888.

165 Ancient Laws of Ireland, Introduction ; E. Nys, Études de droit international, t. 1, 1896, pp. 86 et suiv. Parmi les Ossètes, les arbitres de trois des plus vieux villages jouissent d’une réputation spéciale (M. Kovalevsky, Coutumes modernes et lois anciennes, Moscou, 1886, Il, 217, en russe).

166 Il est permis de penser que cette conception (qui se rattache à la conception de la « tanistry ») tint une place importante dans la vie de cette époque ; mais il n’a pas encore été fait de recherches dans cette voie.

167 Il est expressément déclaré dans la charte de Saint-Quentin de l’an 1002 que la rançon de maisons condamnées à être démolies pour crime, devrait être aux murs de la cité. La même destination était donnée a l’Ungeld dans les cités allemandes. A Pskov, la cathédrale était la banque des amendes, et on prenait de l’argent à ce fond pour les murs.

168 Sohm, Frankische Rechts-und Gerichtsverfassung, p. 23 ; aussi Nitzseh, Geschichte des deutschen Volkes, 1, 78.

169 Voyez les excellentes remarques sur ce sujet dans les Lettres sur l’histoire de France d’Augustin Thierry, 7e lettre. Les traductions barbares de certaines parties de la Bible sont très instructives sur ce point.

170 Trente-six fois plus qu’un noble, suivant la loi anglo-saxonne. Dans le code de Rothari le meurtre d’un roi est cependant puni de mort ; mais (sans vouloir mentionner l’influence romane) cette nouvelle disposition fut introduite (en 646) dans la loi lombarde - comme le font remarquer Leo et Botta - pour protéger le roi contre la loi du talion. Le roi étant lui-même à ce moment l’exécuteur de ses sentences (comme le fut autrefois la tribu) il devait être protégé par une disposition spéciale d’autant plus que plusieurs rois lombards, avant Rothari, avaient été tués l’un après l’autre. (Leo et Botta, loc. cit., I, 66-90.)

171 Kaufmann, Deutsche Geschichte, vol. I, « Die Germanen der Urzeit », p. 133.

172 Dr. F. Dahn, Urgeschichte der germanischen und romanischen Volker, Berlin, 1881, vol. I, 96.

173 Si je suis ainsi les théories défendues depuis longtemps par Maurer (Geschichte der Stadteverfassung in Deutschland, Erlangen, 1869) c’est parce qu’il a clairement démontré comment la commune du village s’est transformée en cité médiévale par une évolution ininterrompue et que seule cette manière de voir peut expliquer l’universalité du mouvement communaliste. Savigny et Eichtorn et leurs continuateurs ont certainement prouvé que les traditions des municipes romains n’avaient jamais entièrement disparu. Mais ils ne tiennent aucun compte de la période des communes villageoises qui, chez les barbares, précédèrent les villes. Le fait est que, chaque fois que la civilisation recommença de nouveau, en Grèce, à Rome ou dans l’Europe centrale, elle passa par les mêmes phases - la tribu, la commune villageoise, la cité libre, l’État - chacun représentant une évolution naturelle de la phase précédente. Bien entendu, l’expérience de chaque civilisation n’était pas perdue. La Grèce (influencée elle-même par les civilisations de l’Orient) influença Rome, et Rome a influencé notre civilisation ; mais chacune de ces civilisations commença de même par la tribu. Et si nous ne pouvons pas dire que nos États sont la continuation de l’État romain, nous ne pouvons pas dire non plus que les cités du moyen âge en Europe (y compris la Scandinavie et la Russie) furent une continuation des cités romaines. Elles étaient une continuation des communautés villageoises barbares, influencées jusqu’à un certain point par les traditions des villes romaines.

174 M. Kovalevsky, Modern Customs and Ancient Laws of Russia (Ilchester Lectures, London, 189,1, lecture 4).

175 Il a fallu beaucoup de recherches avant de pouvoir établir ce caractère de la période qu’on a nommée la période oudielnyi ; ces recherches se trouvent dans les ouvrages de Biélaïeff (Récits tirés de l’histoire russe), Kostomaroff (Les Commencements de l’autocratie en Russie) et particulièrement dans celui du professeur Serghievitch (le Vietché et le Prince). On trouvera des indications sur cette période en anglais, dans l’ouvrage de M. Kovalevsky, que nous venons de citer ; en français dans l’Histoire de la Russie de Rambaud ; ainsi qu’un court résumé dans l’article « Russie » de la dernière édition de la Chambers’s Encyclopædia

176 Ferrari, Histoire des révolutions d’Italie, I, 257 ; Kallsen, Die deutschen Städte im Mittelalter, vol. I (Halle, 1891.

177 Voyez les excellentes remarques de Mr. G. L. Gomme touchant les assemblées du peuple à Londres (The Literature of Local Institutions, Londres, 1886, p. 76). Il faut cependant remarquer que dans les cités royales, les assemblées du peuple n’obtinrent jamais l’indépendance qu’elles eurent ailleurs. Il est même certain que les villes de Moscou et de Paris furent choisie par les rois et par l’Église comme les berceaux de la future autorité royale dans l’État ; parce que ces villes ne possédaient pas la tradition d’assemblées populaires accoutumées à agir souverainement en toute chose.

178 A. Luchaire Les communes françaises ; aussi Kluckohn Geschichte des Gottesfrieden, 1857. L. Sémichon (La paix et la trêve de Dieu, 2 vol., Paris, 1869) a essayé de représenter le mouvement communal comme issu de cette institution. En réalité, la trêve de Dieu, de même que la ligue formée sous Louis le Gros dans un but de protection à la fois contre les brigandages des nobles et contre les invasions normandes, fut un mouvement absolument populaire. Le seul historien qui mentionne cette dernière ligue - Vitalis - la décrit comme une « commune populaire » (« Considérations sur l’histoire de France » dans le vol. IV des œuvres d’Augustin Thierry, Paris, 1868, p. 191 et note).

179 Ferrari, I, 152, 263, etc.

180 Perrens, Histoire de Florence, I, 188 ; Ferrari, loc. cit., I, 283

181 Augustin Thierry, Essai sur l’histoire du Tiers-État, Paris, 1875, p. 414, note.

182 F. Rocquain, « La Renaissance au XIIe siècle » dans les Études sur l’histoire de France, Paris, 1875, pp. 55-117.

183 N. Kostomaroff, Les rationalistes du XIIe siècle, dans ses « Monographies et Recherches » (en russe).

184 On trouvera des faits très intéressants relatifs à l’universalité des guildes dans « Two Thousand Years of Guild Life » par le Rev. J. N. Lambert, Hull, 1891. Sur les amkari de Géorgie, voir S. Éghiazarov, Gorodskiye Tsekhi (« Organisation des Amkari transcaucasiens »), dans lesMémoires de la Société géographique du Caucase, XIV, 2, 1891

185 J. D. Wunderer, « Reisebericlit » dans Fichard, Frankfurter Archiv, II, 245 ; cité par Jansen, Geschichte des deutschen Volkes, 1, 355.

186 D. Leonard Ennen, Der Dom zu Köln, Historische Einlein-lung, Cologne, 1871, pp. 46-50

187 Voir le chapitre précédent.

188 Kofod Ancher, Om gamle Danske Gilder og deres Under-gang, Copenhague, 1785. Statuts d’une Knu guilde.

189 Sur la situation des femmes dans les guildes, voir les remarques de l’introduction de Miss Toulmin Smith à l’ouvrage de son père, English Guilds. Un des statuts de Cambridge (p. 281) de l’année 1503 est formel dans la phrase suivante : « Thys statute is made by the comyne assent of all the bretherne and sisterne of alhallowe yelde. » (Ce statut est fait avec l’assentiment commun de tous les frères et sœurs de la guilde de Tous les Saints.)

190 Au moyen âge, seule l’agression secrète était traitée comme meurtre. La vengeance du sang accomplie au grand jour était justice ; tuer dans une dispute n’était pas un meurtre, pourvu que l’agresseur témoignât de son désir de se repentir et de réparer le mal qu’il avait fait. Des traces profondes de cette distinction existent encore dans les codes criminels modernes, particulièrement en Russie.

191 Kofod Ancher. Ce vieux petit livre contient beaucoup de renseignements qui ont été perdus de vue par des chercheurs plus récents.

192 Elles jouaient un rôle important dans les révoltes de serfs et furent, à cause de cela, prohibées plusieurs fois de suite dans la seconde moitié du IXe siècle. Naturellement, les interdictions du roi restaient lettre morte.

193 Les peintres italiens du moyen-âge étaient aussi organisés en guildes, qui devinrent, à une époque postérieure, les Académies d’art. Si les œuvres de l’art italien de cette époque sont empreintes d’un caractère qui permet encore aujourd’hui de distinguer les différentes écoles de Padoue, Bassano, Trévise, Vérone, etc., quoique toutes ces villes fussent sous l’influence de Venise, cela est dû - comme J. Paul Richter l’avait remarqué - au fait que les peintres de chaque ville appartenaient à une guilde distincte, en bons termes avec les guildes des autres villes, mais menant une existence propre. Le plus ancien statut de ces guildes que nous connaissions est celui de Vérone, qui date de 1303 mais il est certainement copié sur quelque statut plus ancien. Parmi les obligations des membres, on trouve : « Assistance fraternelle en toute espèce de nécessité », « hospitalité envers les étrangers quand ils traversent la ville, car ainsi l’on peut obtenir des informations sur certaines choses que l’on peut désirer connaître », et « obligation d’offrir du soulagement en cas de faiblesse » (Nineteenth Century, novembre 1890 et août 1892).

194 Les principaux ouvrages sur les artels sont cités dans l’article « Russie » de l’Encyclopædia Britannica, 9 e édition, p. 84.

195 Voir, par exemple, les textes des guildes de Cambridge donnés par Toulmin Smith (English Guildes, Londres, 1870, pp. 274-276) où l’on voit que le « jour général et principal » était le jour des « élections », ou encore Ch. M. Clode, The Early History of the Guild of the Merchant Taylors, Londres, 1888, I, 45, etc. - Pour le renouvellement de l’allégeance, voir la Saga de Jòmsviking, cité par Pappenheim, Alldänische Shutzgilden, Breslau, 1885, p. 167. Il semble très probable que lorsque les guildes commencèrent à être persécutées, beaucoup d’entre elles n’inscrivirent dans leurs statuts que le jour du repas, ou celui de leurs cérémonies religieuses et ne firent allusion aux fonctions judiciaires de la guilde qu’en termes vagues ; mais ces fonctions ne disparurent cependant qu’à une époque très postérieure. La question : « Qui sera mon juge ? » n’a plus de sens aujourd’hui, depuis que l’État s’est approprié l’organisation de la justice, confiée maintenant à sa bureaucratie ; mais c’était d’importance primordiale au moyen âge, d’autant plus qu’auto-juridiction signifiait auto-administration. Il faut aussi remarquer que la traduction des mots saxons et danois « guild-bretheren » ou « brödræ », par le mot latin convivii doit avoir contribué à la confusion que nous venons de signaler.

196 Voir les excellentes remarques sur la « frith guilde » par J. R Green et Mrs Green dans The Conquest of England, Londres, 1883, pp. 229, 230.

197 Voir appendice X.

198 Recueil des ordonnances des rois de France, t. XII, 563 ; cité par Aug. Thierry dans Considérations sur l’histoire de France, p. 241, t. VII de la 10e édition des Œuvres complètes.

199 A. Luchaire, Les communes françaises, pp. 45 46.

200 Guilbert de Nogent, De vita sua, cité par Luchaire, loc. cit., p. 14.

201 Lebret, Histoire de Venise, I, 393 ; voir aussi Marin, cité par Leo et Botta dans Histoire de l’Italie, édition française, 1844, t. I, 500.

202 Dr W. Arnold, Verfassangsgeschichte der deutschen Freistädte, 1854, vol. II, 227 et suiv. ; Ennen, Geschichte der Stadt Köln, vol. I, 228, 229 ; et aussi les documents publiés par Ennen et Eckert

203 Conquest of England, 1883, p. 453.

204 Biélaeff, Histoire de Russie, voL II et III.

205 W. Gramich, Verfassungs und Verwaltungspeschichte der Stadt Wärzburg im 13. bis zum 15. Jahrhundert, Würzburg, 1882, p. 34.

206 Quand un bateau apportait une cargaison de charbon à Würzburg, le charbon ne pouvait être vendu qu’au détail pendant les huit premiers jours, chaque famille n’ayant pas droit à plus de cinquante paniers. Le reste de la cargaison pouvait être vendu en gros, mais le marchand au détail ne pouvait prélever qu’un profit honnête (zittlicher), le profit déshonnête (unzittlicher) étant strictement défendu (Gramich, loc. cit.). Il en était de même à Londres (Liber albus, cité par Ochenkowski, p. 161) et, de fait, partout.

207 Voir Fagniez, Études sur l’industrie et la classe industrielle à Paris au XIIIe et XIVe siècle, Paris, 1877, p. 155 et suiv. Il est à peine nécessaire d’ajouter que la taxe sur le pain, ainsi que sur la bière, ne s’établissait qu’après des expériences soigneuses touchant la quantité de pain et de bière qu’on pouvait obtenir d’une quantité donnée de grains. Les archives d’Amiens possèdent les minutes de ces expériences (A. de Calonne, loc. cit., pp. 77, 93). Les archives de Londres également (Ochenkowski, Englands wirthschaftliche Entwickelung, etc.), Iéna, 1879, p. 165.

208 Ch. Gross, The Guild Merchant, Oxford, 1890, I, 135. Ces documents prouvent que cet usage existait à Liverpool (II, 148-150), à Waterford en Irlande, à Neath dans le Pays de Galles, et à Linlithgow et à Thurso en Écosse. Les textes de M. Gross montrent aussi que les achats étaient faits en vue de distributions, non seulement parmi les bourgeois marchands, mais « upon all citsains and commynalte » (p. 136, note) ou, comme le dit l’ordonnance de Thurso du XVIIe siècle, pour « offrir aux marchands, artisans et habitants dudit bourg, afin qu’ils puissent en avoir leur part suivant leurs besoins et leur habileté ».

209 The early History of the Guild of Merchant Taylors, par Charles M. Clode, Londres, 1888, I, 361, appendice 10 ; et aussi l’appendice suivant qui montre que les mêmes achats étaient faits en 1546.

210 Cibrario, Les conditions économiques de l’Italie au temps de Dante, Paris, 1865, p. 44.

211 A. de Calonne, La vie municipale au XVe siècle dans le Nord de la France, Paris, 1880, pp. 12-16. En 1845, la cité autorisait l’exportation à Anvers d’une certaine quantité de blé, « les habitants d’Anvers étant toujours prêts à être agréables aux marchands et bourgeois d’Amiens » (ibid., pp. 75-77, et les textes).

212 A. Babeau, La ville sous l’ancien régime, Paris, 1880.

213 « That all manere of marchandis what so everkynde they be of... shal be bought by the Maire and balives which bene commene biers for the time being, and to distribute the same on freemen of the citie (the propre goods of free citisains and inhabitants only excepted »

214 Ennen, Geschichte der Stadt Köln, 1, 491, 492, ainsi que les textes.

215 Les études traitant ce sujet sont très nombreuses ; mais il n’y a pas encore d’ouvrage qui traite de la cité du moyen âge en général. Pour les communes françaises, les Lettres et les Considérations sur l’histoire de France d’Augustin Thierry demeurent classiques, et les Communes françaises de Luchaire y sont une excellente addition. Pour les cités d’Italie, le grand ouvrage de Sismondi (Histoire des républiques italiennes du moyen âge, Paris, 1826, 16 vol.), l’Histoire d’Italie de Leo et Botta, les Révolutions d’Italie de Ferrari et Geschichte der Städteverfassung in Italien de Hegel, sont les principales sources d’information générale. Pour l’Allemagne nous avons Städteverfassung de Maurer, Geschichte der deutschen Städte de Barthold, et, comme ouvrages récents, Städte und Gilden der germanischen Volker de Hegel (2 vol., Leipzig, 1891) etDie deutschen Städte im Mittelalter du Dr Otto Kallsen (2 vol., Halle, 1891) ainsi que Geschichte des deutschen Volkes de Janssen (5 vol., 1886) dont une traduction française a paru en 1892. Pour la Belgique, Les Libertés communales de A. Wauters (Bruxelles, 1869-78, 3 vol.). Pour la Russie, les œuvres de Biélaeff, Kostomaroff et Serghievitch. Enfin pour l’Angleterre nous possédons un des meilleurs ouvrages sur les cités d’une région étendue : Town Life in the Fifteenth Century de Mrs. J. R. Green (2 vol., Londres, 1874). Nous avons de plus une grande abondance d’histoires locales bien connues, et plusieurs excellents ouvrages d’histoire générale ou économique que j’ai souvent cités dans les deux chapitres précédents. La richesse de cette littérature consiste cependant surtout en études séparées, quelquefois admirables, sur l’histoire de certaines cités, particulièrement italiennes et allemandes ; sur les guildes ; la question agraire ; les principes économiques de l’époque ; l’importance économique des guildes et des métiers ; les ligues entre les cités (la Hanse) ; et l’art communal. Une incroyable richesse d’informations est contenue dans les ouvrages de cette seconde catégorie, dont seulement quelques-uns parmi les plus importants sont cités ici.

216 Kulischer, dans un excellent essai sur le commerce primitif (Zeitschrift für Völkerpsychologie, vol. X, 380), montre aussi que, suivant Hérodote, les Aggripéens étaient considérés comme inviolables, parce que le commerce entre les Scythes et les tribus du Nord avait lieu sur leur territoire. Un fugitif était sacré sur leur territoire, et on leur demandait souvent d’agir comme arbitres entre leurs voisins. voir appendice XI.

217 Il s’est élevé dernièrement des discussions sur le Weichbild et la loi du Weichbild, qui demeurent encore obscurs (voir Zopfl, Alterthümer des deutschen Reichs und Rechts, Ill, 29 ; Kallsen, I, 316). L’explication ci-dessus semble être la plus probable ; mais, bien entendu, il faut qu’elle soit confirmée par de nouvelles recherches. Il est évident aussi que, pour employer une expression écossaise, the « mercet cross », la croix du marché, peut être considérée comme un emblème de la juridiction de l’Église, mais nous la trouvons à la fois dans les cités épiscopales et dans celles où l’assemblée du peuple était souveraine.

218 Pour tout ce qui concerne les guildes marchandes, voir l’ouvrage très complet de Ch. Gross, The Guild Merchand (Oxford, 1890, 2 vol.), ainsi que les remarques de Mrs. Green dans Town Life in the Filfteenth Century, vol. II, eh. V, VIII, X ; et la critique de ce sujet par A. Doren dans Sehmoller, Forschungen, vol. XII. Si les considérations indiquées dans le chapitre précédent (selon lesquelles le commerce était communal à l’origine) se trouvent vérifiées, il sera permis de suggérer, comme hypothèse possible, que la guilde marchande fut un corps chargé du commerce dans l’intérêt de la cité entière, et ne devint que graduellement une guilde de marchands faisant du commerce pour eux-mêmes ; tandis qu’il était réservé aux marchands aventuriers de la Grande-Bretagne, aux povolniki de Novgorod (marchands et colonisateurs libres) et aux mercati personati d’ouvrir de nouveaux marchés et de nouvelles branches de commerce pour eux-mêmes. En résumé, il faut noter que l’origine de la cité du moyen âge ne peut être attribuée à aucun facteur spécial. Ce fut un résultat de beaucoup de facteurs plus ou moins importants.

219 Janssen, Geschichte des deutschen Volkes, I, 315 ; Gramich, Würzburg ; ou n’importe quel recueil d’ordonnances.

220 Falke, Geschichtliche Statistik, I, 373-393, et II, 66 ; cité dans Janssen, Geschichte, I,339 ; J -D Blavignac, dans les Comptes et Dépenses de la construction du clocher de Saint-Nicolas à Fribourg en Suisse, arrive à une conclusion semblable. Pour Amiens, de Calonne, Vie municipale, p. 99, et appendice. Pour une appréciation très complète et une représentation graphique des salaires au moyen âge en Angleterre et leur équivalent en pain et en viande, voir l’excellent article et les courbes de G. Steffen, dans le Nineteenth Century de 1891 et Studier öfver lönsystemets historia i England, Stöckholm, 1895.

221 Pour ne citer qu’un exemple parmi tous ceux qui peuvent être trouvés dans les ouvrages de Falke et de Schönberg, les seize ouvriers cordonniers (Schusterknechte) de la ville de Xanten sur le Rhin donnèrent pour l’érection d’un dais et d’un autel dans l’église 75 gouldens par souscription et 12 gouldens de leur caisse particulière, et l’argent valait, selon les plus justes évaluations, dix fois ce qu’il vaut aujourd’hui.

222 Cité par Janssen, loc. cit., I, 843.

223 The Economical Interpretation of History, Londres, 1891.

224 Janssen, loc. cit. Voir aussi Dr Alwin Schultz, Deutsches Leben im XIV. und XV. Jabrhundert, grande édition, Vienne, 1892, pp. 67 et suiv. A Paris, la journée de travail variait de 7 à 8 heures en hiver, à 14 heures en été dans certains métiers ; tandis que pour d’autres, elle était de 8 à 9 heures en hiver, et de 10 ou 12 en été. Tout travail était arrêté le samedi et environ vingt-cinq autres jours (jours de commun de vile foire) à 4 heures ; le dimanche et trente autres jours de fêtes, il n’y avait pas de travail du tout. La conclusion générale est que l’ouvrier du moyen âge travaillait moins d’heures, tout compris, que l’ouvrier d’aujourd’hui (Dr E. Martin Saint-Léon, Histoire des corporations, p. 121.)

225 W. Stieda « Hansische Vereinbarungen uber stadtisches Gewerbe im XIV. und XV. Jahrhundert » dans [fansische Geschichtsbldtter,- année 1886, p. 121. Schönberg, Wirthschaftliche Bedeutung der Zünfte) ainsi que Roscher, passim.

226 Voir les remarques profondes de Toulmin Smith sur la spoliation des guildes par le roi, dans l’introduction de Miss Smith à English Guilds ; En France la même spoliation et l’abolition de la juridiction des guildes par le pouvoir royal furent commencées en 1306 et le coup final fut frappé en 1382 (Fagniez, loc. cit., pp. 52-54).

227 Adam Smith et ses contemporains savaient bien ce qu’ils condamnaient quand ils écrivaient contre l’ingérence de l’État dans le commerce, et contre les monopoles crées par l’État. Malheureusement des continuateurs déplorablement superficiels mirent les guildes du moyen âge et l’ingérence de l’État dans le même sac, sans faire de distinction entre un édit de Versailles et une ordonnance de guilde. Il est à peine besoin de dire que les économistes qui ont sérieusement étudié ce sujet, comme Schönberg (l’auteur du cours bien connu d’Économie politique) ne tombent pas dans une erreur semblable. Mais, récemment encore, des confusions de ce genre passaient pour de la « science » économique,

228 A Florence les sept arts mineurs firent leur révolution en 1270-82 ; les résultats ont été amplement décrits par Perrens (Histoire de Florence, Paris, 1877, 3 vol.) et surtout par Gino Capponi (Storia della repubblica de Firenze ; 26 6d., 1876, I, 58-80 ; traduite en allemand). A Lyon, au contraire, où les métiers mineurs se soulevèrent en 1402, ils subirent une défaite et perdirent le droit de nommer eux-mêmes leurs propres juges. Les deux partis en vinrent probablement à un compromis. A Rostock le même mouvement eut lieu en 1313 ; à Zurich en 1336 ; à Berne en 1363 ; à Brünswick en 1374, et l’année suivante à Hambourg ; à Lübeck en 1376-84, etc. Voir Schmoller, Strassburg zur Zeit der Zunftkämpfe et Strassburg’s Blüthe ; Brentano, Arbeitergilden der Gegenwart, 2 vol, Leipzig, 1871-72 ; Eb. Bain, Merchant and Craft Guilds, Aberdeen, 1887, pp. 26-47, 75, etc. Quant à l’opinion de M. Gross relative aux mêmes luttes en Angleterre, voir les remarques de Mrs. Green dans Town Life in the Fifteenth Century, II, 190-217 ; ainsi que le chapitre sur la question ouvrière et tout ce volume extrêmement intéressant. Les opinions de Brentano sur les luttes des métiers qu’il a exprimées principalement dans les § III et IV de son essai « On the History and Development of Guilds », dans le volume de Toulmin Smith, English Guilds, sont classiques sur ce sujet et on peut dire qu’elles ont été confirmées sans cesse par les recherches qui ont suivi.

229 Pour ne donner qu’un exemple, Cambrai fit sa première révolution en 907, et après trois ou quatre autres révoltes, obtint sa charte en 1076. Cette charte fut abrogée deux fois (1107 et 1138) et deux fois obtenue à nouveau (en 1127 et 1180). Au total 223 années de luttes avant de conquérir le droit à l’indépendance, Lyon, 1195 à 1320.

230 Voir Tuetey, « Étude sur le droit municipal... en Franche-Comté », dans les Mémoires de la Société d’émulation de Montbéliard, 2e série, II, 129 et suiv.

231 Ceci semble avoir été souvent le cas en Italie. En Suisse, Berne acheta même les villes de Thun et de Burgdorf.

232 Ce fut au moins le cas dans les cités de Toscane (Florence, Lucques, Sienne, Bologne, etc.) dont les relations entre cité et paysans sont les mieux connues (Lutchitzkiy, « Servitude et serfs russes à Florence », dans les Izvestia de l’Université de Kiev de 1885 ; l’auteur cite Rumohr,Ursprung der Besitzlosigkeit der Colonien in Toscana, 1830). - Tout ce qui concerne les relations entre les cités et les paysans aurait cependant besoin de beaucoup plus d’études qu’on n’en a faites jusqu’à présent.

233 Les généralisations de Ferrari sont souvent trop théoriques pour être toujours correctes ; mais ses opinions sur le rôle joué par les nobles dans les guerres des cités sont basées sur un grand nombre de faits authentiques.

234 Seules les cités qui soutinrent obstinément la cause des barons, comme Pise ou Vérone, perdirent à ces guerres. Pour beaucoup de villes qui combattirent du côté des barons, la défaite fut aussi le commencement de la libération et du progrès.

235 Ferrari, II, 18,104 et suiv. ; Leo et Botta, I, 432.

236 Joh. Falke, Die Hansa als Deutsche See- und Handelsmacht, Berlin, 1863, pp. 31-33.

237 Pour Aix-la-Chapelle et Cologne nous savons par des témoignages directs que ce furent les évêques de ces deux villes - dont l’un fut acheté - qui ouvrirent les portes à l’ennemi.

238 Voir les faits, mais non pas toujours les conclusions de Nitzsch, III, 133 et suiv. ; aussi Kallsen, 1, 458, etc...

239 Sur la commune du Laonnais qui jusqu’aux recherches de Melleville (Histoire de la commune du Laonnais, Paris, 1853) fut confondue avec la commune de Laon, voir Luchaire, pp. 75 et suiv. Pour les premières guildes de paysans et les unions ultérieures, voir R. Wilman, « Die ländlichen Schutzgilden Westphaliens » dans Zeitschrift für Kulturgeschlichte, nouvelle série, vol. III, cité dans Kulturgeschichte de Henne-am-Rhyn, III, 249.

240 Luchaire, p. 149.

241 Deux cités importantes comme Mayence et Worms cherchent à régler une contestation politique par l’arbitrage. A la suite d’une guerre civile qui se déclare dans Abbeville, Amiens agit en 1231, comme arbitre (Luchaire, 149), et ainsi de suite.

242 Voir par exemple W. Stieda, Hansische Vereinbarungen, loc. cit., p. 114.

243 Cosmo Innes, Early Scottish History and Scotland in Middle Ages, cités par le Rev. Denton, loc. cit., pp. 68, 69. Lamprecht, Deutsches wirthschaftliches Leben im Mittelalter, analysé par Schmoller dans son Jahrbuch, vol. X II ; Sismondi, Tableau de l’agriculture toscane, p. 226 et suiv. Les territoires appartenant à Florence se reconnaissaient au premier coup d’œil à leur prospérité.

244 Mr John J. Ennett (six Essays), Londres, 1891) a écrit d’excellentes pages touchant ce caractère de l’architecture du moyen âge. Mr Willis dans son appendice à l’ouvrage de Whewell, History of Inductive Sciences (I, 261-162) a montré la beauté des rapports mécaniques dans les constructions du moyen âge. « Une nouvelle construction décorative fut créée, écrit-il, qui ne luttait pas contre la construction mécanique, ne cherchait pas à la dominer, mais au contraire venait l’aider et s’harmoniser avec elle. Chaque poutre, chaque moulure devient un support du poids ; par la multiplicité des appuis s’aidant les uns les autres et par la subdivision du poids qui en résultait, l’œil était satisfait de la stabilité de la structure, malgré l’aspect curieusement effilé des parties séparées. » On ne saurait mieux caractériser un art qui jaillissait de la vie sociale de la cité

245 Dr Ennen, Der Döm zu Köln, seine Construction und Anstaltung, 1871.

246 Ces trois statues sont parmi les décorations extérieures de Notre-Dame de Paris.

247 L’art du moyen âge, comme l’art grec, ne connaissait pas ces magasins de curiosités que nous appelons un Musée ou une Galerie Nationale. Une statue était sculptée, une décoration en bronze était fondue ou un tableau était peint pour être mis à sa place propre dans un monument d’art communal. Là il était vivant, il était une partie d’un tout, et il contribuait à l’unité d’impression produite par le tout.

248 Comparez J. T. Ennet « Second Essay », p. 36.

249 Sismondi, IV, 172 ; XVI, 356. Le grand canal, Naviglio grande, qui apporte l’eau du Tessin fut commencé en 1179, c’est-à-dire après la conquête de l’indépendance, et il fut terminé au XIIIe siècle. Sur la décadence qui suivit, voir XVI, 355.

250 En 1336, Florence comptait 8 à 10.000 garçons et filles dans ses écoles primaires, 1.000 à 1.200 garçons dans ses sept écoles secondaires et de 500 à 600 étudiants dans ses quatre universités. Les trente hôpitaux communaux contenaient plus de 1.000 lits, pour une population de 90.000 habitants (Capponi, II, 249 et suiv.). Plus d’une fois des écrivains autorisés ont émis l’opinion que l’éducation était en général à un niveau beaucoup plus élevé qu’on ne le suppose d’habitude. Il en était certainement ainsi dans la cité démocratique de Nuremberg.

251 Comparez les excellentes considérations de L. Ranke sur l’essence du droit romain dans Weltgeschichte, vol. IV, Abt. 2, pp. 20-31. Voir aussi les remarques de Sismondi sur la part jouée par les légistes dans la constitution de l’autorité royale, Histoire des Français, Paris, 1826, V111, 85-99. La haine populaire contre ces « Weise Doctoren und Beutelschneider des Volks » éclata dans toute sa force aux premières années du XVIe siècle dans les sermons du début de la Réforme.

252 Brentano a bien compris les effets fatals de la lutte entre les « vieux bourgeois » et les nouveaux venus. Miaskowski, dans son ouvrage sur les communes de la Suisse, a indiqué la même chose pour les communautés villageoises.

253 Le commerce d’esclaves enlevés en Orient ne cessa jamais dans les républiques italiennes jusqu’au XVe siècles. De faibles traces s’en rencontrent aussi en Allemagne et ailleurs. Voir Cibrario, Della schiavitù e del servaggio, 2 vol., Milan, 1868 ; aussi, le professeur Loutchitzkiy, « L’esclavage et les esclaves russes à Florence, au XIVe et au XVe siècles », dans Izvestia de l’Université de Kiev, 1885 (en russe).

254 J.R. Green, History of English People, London, 1878, I, 455.

255 Voir les théories exprimées par les jurisconsultes de Bologne, déjà au Congrès de Roncaglia en 1158.

256 De nombreuses études, concernant ce sujet, autrefois fort négligé, se publient aujourd’hui en Allemagne. Les ouvrages de Keller, Ein Apostel der Wiedertäufer et Geschichte der Wiedertäufer, de Cornélius, Geschichte des münsterischen Aufruhrs, et de Janssen, Geschichte des deutschen Volkes, peuvent être cités comme les sources principales. Le premier essai pour familiariser les lecteurs anglais avec les résultats des grandes recherches faites 93 en Allemagne dans cette direction a été fait dans un excellent petit ouvrage de Richard Heath, « Anabaptism from its Rise at Zwickau to its Fall at Münster, 1521-1536 », Londres, 1895 (Baptist Manuals, vol. 1) ; les traits caractéristiques du mouvement y sont bien indiqués et les informations bibliographiques abondantes. Voir aussi K. Kautsky, Communism in Central Europe in the Time of the Reformation, Londres, 1897.

257 Peu de nos contemporains se rendent compte à la fois de l’étendue de ce mouvement et des moyens par lesquels il fut supprimé. Mais ceux qui écrivirent immédiatement après la grande guerre des paysans estimèrent de 100 à 150.000 hommes le nombre des paysans massacrés après leur défaite en Allemagne. Voir Zimmermann, Allgemeine Geschichte des grossen Bauernkrieges. Pour les mesures prises dans les Pays-Bas pour supprimer le mouvement, voir Anabaptism de Richard Heath.

258 Édit de Louis XIV, en 1667, cité par plusieurs auteurs. Huit ans avant cette date les communes avaient été mises sous la gestion de l’État.

259 « Dans les biens d’un grand propriétaire, même s’il a des millions de revenu, on est sûr de trouver la terre non cultivée » (Arthur Young). « Un quart des terres redevient inculte » ; « pendant les derniers cent ans la terre est retournée à l’état sauvage » ; « la Sologne jadis florissante est devenue un marécage et une forêt » ; et ainsi de suite (Théron de Montaugé, cité par Taine dans les « Origines de la France contemporaine », tome 1, p. 442).

260 A. Babeau, Le Village sous l’Ancien Régime, 3° édition, Paris, 1892.

261 Dans l’Est de la France, la loi confirma seulement ce que les paysans avaient déjà fait eux-mêmes ; dans d’autres parties de la France la loi resta souvent lettre morte.

262 Après le triomphe de la réaction bourgeoise en thermidor, les terres communales furent déclarées Domaines d’État (24 août 1794) et elles furent mises en vente, avec les terres confisquées à la noblesse, pour être pillées par les « bandes noires » de la petite bourgeoisie. Il est vrai qu’on arrêta ce pillage l’année suivante (loi du 2 prairial an V) et la loi précédente fut abrogée ; mais alors les communes de village furent simplement abolies, et remplacées par des conseils cantonaux. Sept ans plus tard (9 prairial, an XII, c’est-à-dire en 1801) les communes de village furent rétablies, mais après avoir été privées de tous leurs droits : le maire et les syndics étaient nommés par le gouvernement dans les 36.000 communes de France ! Ce système fut maintenu jusqu’après la révolution de 1830, lorsque les conseils communaux élus furent réintroduits par un retour à la loi de 1787. Quant aux terres communales, l’État s’en saisit encore en 1813, les pilla, et ne les restitua que partiellement aux communes en 1816. Voyez la collection classique des lois françaises, par Dalloz, Répertoire de Jurisprudence ; voir aussi les ouvrages de Doniol, Dareste, Bonnemère, Babeau et tant d’autres.

263 Cette procédure est si absurde qu’on ne pourrait la croire possible si les cinquante-deux actes différents n’étaient énumérés en détail par un écrivain tout à fait autorisé dans le Journal des Économistes (1893, avril, p. 94) ; plusieurs autres exemples du même genre sont donnés par le même auteur.

264 « Enormitees and myschefes as be hurtfull... to the common wele. » Voir Dr Ochenkowski, Englands wirthschäftliche Entwickelung im Ausgange des Mittelalters (Iéna, 1879), pp. 35 et suiv., où toute cette question est discutée avec une connaissance approfondie des textes.

265 Nasse, Ueber die mittelalterliche Feldgemeinschaft und die Einhegungen des XVI. Jahrhunderts in England (Bonn, 1869), p.4, 5 ; Vinogradov, Villainage in England (Oxford, 1892).

266 Frédéric Seebohm, The English Village community, 3e édition, 1884, pp. 13-15.

267 L’examen détaillé de chaque acte de clôture montrera clairement que le système que nous venons de décrire [propriété communale] est le système que l’acte de clôture avait pour but de détruire » (Seebohm, loc. cit., p. 13). Et plus loin. « Ils étaient généralement rédigés dans les mêmes termes, commençant par exposer que les champs et les propriétés communales étaient dispersés en petits lopins, mêlés les uns avec les autres et situés d’une façon incommode ; que différentes personnes en possédaient des parties et y avaient des droits en commun... et qu’il est à désirer qu’ils soient partagés et enclos, une part distincte étant allouée à chaque propriétaire. » p. 14. La liste de Porter contenait 3.867 actes semblables, dont le plus grand nombre date des années 1770-1780 et 1800-1820 - comme en France.

268 En suisse, nous voyons un certain nombre de communes, ruinées par les guerres, qui ont perdu une partie de leurs terres, et qui s’efforcent maintenant de les racheter.

269 A. Buchenberger, « Agrarwesen und Agrarpolitik » dans A. Wagner, Handbuch der politischen Oekonomie, 1892, vol. I, pp. 280 et suiv.

270 G. L. Gomme, « The village community with special reference to its Origin and Forms of Survival in Great Britain » (Contemporary Science Series), Londres, 1890, pp. 141-143. Voir aussi ses Primitive Folkmoots (Londres, 1880), pp. 98 et suiv.

271 Dans presque toute l’Angleterre, et particulièrement dans les comtés du Centre et de l’Est, mais aussi dans l’Ouest - dans le Wiltshire par exemple - dans le Sud comme en Surrey - dans le Nord - comme dans le Yortshire - il y a de vastes champs communaux. Sur 316 paroisses du comté de Northampton 89 sont dans cette condition ; plus de 100 dans le comté d’Oxford ; environ 50.000 acres dans le comté de Warwick ; la moitié du comté de Berk ; plus de la moitié du Wiltshire ; dans le comté de Huntingdon, sur une surface totale de 240.000 acres, 130.000 étaient des prairies communales, des terrains incultes et des champs communaux (Marshall, cité dans Sir Henry Maine, Village Communities in the East and West, édition de New York, 1876, pp. 88-89).

272 Ibid., p. 88 ; voir aussi la cinquième conférence. Les vastes étendues de « commons » (terres communales incultes) existant encore aujourd’hui dans le Surrey sont bien connues.

273 J’ai considéré un grand nombre de livres traitant de la vie de la campagne anglaise ; j’y ai trouvé des descriptions charmante du paysage, etc., mais presque rien sur la vie de chaque jour et les coutumes des travailleurs.

274 En Suisse aussi les terres non clôturées des paysans tombèrent sous la domination des seigneurs, et de grandes parties de leurs biens furent saisies par les nobles au XVIe et au XVIIe siècles (voir par exemple D, A. Miaskowski, dans Schmoller, Forschungen, vol. II, 1879, p. 12 et suiv ). Mais la guerre des paysans en Suisse ne se termina pas par une défaite écrasante des paysans, comme dans d’autres pays, et une grande partie des droits communaux et des terres communales leur fut conservée. L’autonomie des communes est, en effet, le fondement même des libertés suisses. - « L’Ober-Allmig » du canton de Schwytz comprend 18 paroisses et plus de 30 villages et hameaux séparés (K. Bürkli, Der Ursprung der Eidgenossenschaft aus der Markgenossenschaft. Zürich, 1891).

275 Miaskowski, dans Forschungen de Schmoller, vol. 1, 1879, p. 15. Aussi les articles « Domanen » et « Allmend » dans le Handwörterbach der Schweizerischen Volksmirthschaft, etc., du Dr Reichesberg, Bern, 1903.

276 Voir sur ce sujet une série d’ouvrages, résumés dans l’un des excellents chapitres que K. Bücher a ajoutés à la traduction allemande de Laveleye, Propriété primitive. Cf. aussi Meitzen, « Das Agrar- und Forst- Wesen, die Allmenden und die Landgemeinden der Deutschen Schweiz », dans Jahrbuch für Staatsmissenschaft, 1880, IV (analyse des ouvrages de Miaskowski) ; O’Brien, « Notes in a Swiss village » dansMacmillan’s Magazine, octobre 1885. - Voyez aussi Appendice XII.

277 Les présents de noces, qui contribuent souvent matériellement en ce pays au confort des jeunes ménages, sont évidemment un reste des habitudes communales.

278 Les communes possèdent 1.843.000 hectares de forêts, sur les 10.041.000 de tout le territoire, et 2.807.100 hectares de prairies naturelles sur les 4.610.500 hectares qu’il y a en France. Les 809.500 hectares qui restent sont des champs des vergers, etc.

279 Les Géorgiens font encore mieux au Caucase : le repas étant une dépense et un homme pauvre ne pouvant y subvenir, un mouton est fourni par ces mêmes voisins qui viennent pour aider au travail.

280 Alfred Baudrillart dans H. Baudrillart, Les populations agricoles de la France, 3e série (Paris, 1893), p. 479.

281 Le Journal des économistes (août 1892, mai et août 1893) a donné quelques-uns des résultats d’analyses faites aux laboratoires agricoles de Gand et de Paris. L’extension de la falsification est vraiment incroyable, ainsi que les ruses des « honnêtes commerçants ». Dans certaines graines de foin il y avait 32 pour 100 de grains de sable, colorés de façon à tromper un œil exercé ; d’autres échantillons contenaient de 52 à 22 pour 100 seulement de bonnes graines, le reste étant des graines de mauvaises herbes. Des graines de vesce contenaient 11 pour 100 d’une herbe vénéneuse (nielle) ; une farine pour engraisser les bestiaux contenait 36 pour 100 de sulfates, et ainsi de suite.

282 A. Baudrillart, loc. cit., p. 309. A l’origine un vigneron entreprenait de fournir l’eau, et plusieurs autres s’accordaient pour s’en servir. « Ce qui achève de caractériser ce genre d’association, c’est qu’il n’existe aucun contrat entre le propriétaire de l’eau et l’acheteur. Tout repose sur la parole donnée ; il n’y a pas eu d’exemple de difficultés entre les deux parties. »

283 A. Baudrillart, loc. cit., pp. 300, 341, etc. - M. Tersac, président du syndicat Saint-Gironnais (Ariège), écrivit à mon ami à peu près en ces termes : « Pour l’exposition de Toulouse, notre association a groupé les propriétaires de bestiaux qui nous semblaient dignes d’exposer. La Société entreprit de payer la moitié des frais de transport et d’exposition ; un quart fut payé par chaque propriétaire et le dernier quart par ceux des exposants qui obtinrent des prix. Le résultat fut que beaucoup prirent part à l’exposition qui n’auraient jamais pu le faire autrement. Ceux qui ont obtenu les plus hautes récompenses (350 francs) ont donné 10 pour 100 de leurs prix, tandis que ceux qui n’ont pas eu de prix n’ont dépensé que 6 à 7 francs chacun. »

284 Dans le Wurtemberg, 1.629 communes sur 1.910 ont des biens communaux. Elles possédaient en 1863 plus de 400.000 hectares de terres. Dans le duché de Bade, 1.256 communes sur 1.582 ont des terres communales ; en 1884-1888 elles possédaient 49.200 hectares de champs en culture communale et 273.000 hectares de forêts, c’est-à-dire 46 pour 100 de la surface totale des forêts. En Saxe, 39 pour 100 de la surface totale est propriété communale (Schmoller, Jabrbuch, 1886, p. 359). Dans le Hohenzollern, presque les deux tiers de toutes les prairies et dans le Hohenzollern-Hechingen, 44 pour 100 de tous les biens fonciers sont possédés par les communes villageoises (Buchenberger, Agrarwesen und Agrarpolitik, vol. I, p. 300).

285 Voir K. Bücher, qui, dans un chapitre spécial ajouté à Ureigenthum de Laveleye, a réuni toutes les informations relatives à la commune villageoise en Allemagne.

286 K. Bücher, ibid., pp. 89, 90.

287 Pour cette législation et les nombreux obstacles que la bureaucratie et la surveillance opposèrent à ces associations, voir Buchenberger,Agrarwesen and Agrarpolitik, vol. II, pp. 342, 363 et 506, note.

288 Buchenberger, loc. cit., vol. II, p. 510. L’Union générale de la corporation agricole comprend une union de 1679 sociétés. En Silésie, un ensemble de 12.000 hectares de terres a été drainé dernièrement par 73 associations ; 182.000 hectares en Prusse, par 516 associations ; en Bavière, il y a 1.715 unions de drainage et d’irrigation.

289 Voir appendice XII.

290 Pour la péninsule des Balkans, voir Laveleye, La propriété primitive.

291 Les faits concernant la commune villageoise qui tiennent près de cent volumes (sur 450) de ces enquêtes ont été classifiés et résumés dans un excellent ouvrage russe par « V. V. » La commune paysanne (Krestianskaya Obschina), Saint-Pétersbourg, 1892 ; cet ouvrage, outre sa valeur théorique, est un recueil riche de faits relatifs à ce sujet. Les enquêtes dont nous venons de parler ont donné naissance aussi à un grand nombre d’ouvrages dans lesquels la question de la commune villageoise moderne sort pour la première fois du domaine des généralités et se trouve posée sur la base solide de faits suffisamment détaillés et vérifiés.

292 Le rachat devait être payé par annuités durant quarante-neuf ans. A mesure que les années passaient et que la plus grande partie de la somme était payée, il devenait de plus en plus aisé de « racheter » la petite part qui restait à payer, et comme chaque lot de terre pouvait être racheté séparément, les trafiquants en prirent avantage pour acheter aux paysans ruinés la terre à moitié de sa valeur. Dans la suite une loi fut promulguée pour mettre un terme à ces manœuvres.

293 M. V. V., dans sa Communauté paysanne, a groupé tous les faits relatif à à ce mouvement. Touchant le rapide développement agricole du Sud de la Russie et la propagation des machines, les lecteurs anglais trouveront des informations dans les rapports de leurs consuls (Odessa, Taganrog),

294 Dans certains cas, ils procédèrent avec une grande circonspection. Dans un village, ils commencèrent à mettre en commun toutes les prairies, mais seulement une petite partie des champs (deux hectares par homme) ; le reste des champs continua à être possession individuelle. Plus tard, en 1862-1864, le système fut étendu, mais ce fut seulement en 1884 que la possession communale fut introduite complètement. - V. V. (Vorontsoff), La Commune paysanne (en russe), pp. 1-14.

295 Touchant la commune villageoise mennonite, voir A. Klaus, Nos colonies (Nashi Kolonii), Saint-Pétersbourg, 1869.

296 Il existe de semblables cultures communales dans 159 villages sur 195 dans le district d’Ostrogojsk ; dans 150 sur 187 dans celui de Slavianoserbsk ; dans 107 communes de celui d’Alexandrovsk, 93 de Nikolaievsk, 35 d’Elisabethgrad. Dans une colonie allemande la culture communale sert à rembourser une dette communale. Tous s’unissent pour faire l’ouvrage, quoique la dette n’ait été contractée que par 94 membres sur 155.

297 On trouvera l’énumération des travaux communaux, dont les statisticiens des zemstvos prirent connaissance pendant leurs enquêtes, dansCommune paysanne, par V. Vorontsoff, pp. 459-600.

298 Dans le gouvernement de Moscou, l’expérience était généralement faite sur le champ qui était réservé pour la culture communale mentionnée ci-dessus.

299 Plusieurs exemples de ces perfectionnements et d’autres analogues furent donnés dans le Messager officiel, 1894, n° 256-258. Des associations entre des paysans « sans chevaux » commencent aussi à se former dans la Russie du Sud. Un autre fait extrêmement intéressant est le développement soudain dans le midi de la Sibérie occidentale de très nombreuses crémeries coopératives pour faire le beurre. Des centaines furent créées à Tobolsk et à Tomsk sans qu’on sache trop d’où était né ce mouvement. L’initiative vint des coopérateurs du Danemark, qui avaient l’habitude d’exporter leur beurre de qualité supérieure, et d’acheter du beurre d’une qualité inférieure pour leur propre usage en Sibérie. Apres plusieurs années de relations, ils introduisirent leurs crémeries en Sibérie. Maintenant un important commerce d’exportation a été créé par leurs efforts.

300 Toulmin Smith, English Guilds, Londres, 1870, Introduction, p. XLIII.

301 L’acte d’Édouard VI - le premier de son règne - ordonnait de remettre à la couronne « toutes les fraternités, confréries et guildes qui existaient dans le royaume d’Angleterre et du Pays de Galles et les autres possessions du roi, et tous les manoirs, les terres, les domaines et autres biens leur appartenant ou à quelqu’un des leurs » (English Guilds, Introd., p. XLIII). voir aussi Ockenkowski, Englands wirthschaftliche Entwickelung im Ausgange des Mittelälters, Iéna, 1879, chap. II et V.

302 Voir Sidney et Beatrice Webb, History of Trade-Unionism, Londres, 1894, pp. 21-38.

303 Voir dans l’ouvrage de Sidney Webb les associations qui existaient à cette époque. Il semble que les artisans de Londres n’aient jamais été mieux organisés qu’en 1810-1820.

304 L’Association Nationale pour la Protection du travail comprenait environ 150 unions distinctes, qui payaient des cotisations élevées, et comptaient environ 100.000 membres. L’Union des ouvriers en bâtiment et l’Union des mineurs étaient aussi de fortes organisations (Webb,loc. cit., p. 107).

305 Je parle ici d’après l’ouvrage de M. Webb qui est plein de documents confirmant ce qu’il expose.

306 De grands changements se sont produits depuis 1840 dans l’attitude des classes riches envers les associations. Cependant, même vers 1860, les patrons se concertèrent pour un formidable effort tendant à écraser les unions par le renvoi en masse de populations entières. Jusqu’en 1869 le fait seul de consentir à une grève et l’annonce d’une grève par voie d’affiches, pour ne rien dire des rassemblements et réunions, furent souvent punis comme actes d’intimidation. Ce fut seulement en 1875 que fut abrogé l’acte des « Maîtres et Serviteurs », les rassemblements pacifiques furent permis, et les actes de « violence et d’intimidation » pendant les grèves tombèrent dans le domaine du droit commun. Cependant pendant la grève des ouvriers des docks, en 1887, on dut dépenser l’argent envoyé au secours des grévistes pour soutenir devant les tribunaux le droit du « picketing », c’est-à-dire le droit des ouvriers de tenir leurs sentinelles aux approches d’une usine, pour inviter les travailleurs qui s’y rendent à faire cause commune avec les grévistes. Les poursuites de ces dernières années menacent une fois de plus de rendre illusoires les droits conquis.

307 Une contribution hebdomadaire de 6 pences (0 fr. 60) sur des gages de 18 shillings (22 fr. 50) ou de 1 shilling (1 fr. 25) sur 25 shillings (31 fr. 25) représente beaucoup plus que 9 livres (225 francs) sur un revenu de 300 livres (7 500 francs) : cette contribution est prise en grande partie sur la nourriture ; et la contribution est bientôt doublée quand une grève est déclarée dans une association fraternelle. La description graphique de la vie des membres des « trade-unions », par un bon ouvrier, publiée par Mr. et Mrs. Webb (p. 431 et suiv.), donne une excellente idée de la somme de travail fournie par un membre d’une union.

308 Voir, par exemple, les discussions sur les grèves de Falkenau, en Autriche, devant le Reichstag autrichien, le 10 mai 1894 dans lesquelles le fait a été pleinement reconnu par le Ministère et le propriétaire de la houillère. Consulter également la presse anglaise à cette époque.

309 On trouvera beaucoup de faits semblables dans le Daily Chronicle et quelques-uns dans le Daily News d’octobre et novembre 1904.

310 Les 31.473 associations de production et de consommation sur le Rhin moyen faisaient, vers 1890, pour 460.937.500 francs d’affaires par an ; elles prêtèrent pendant l’année 91.875.000 francs.

311 British Consular Report, avril 1889.

312 Une excellente étude sur ce sujet a été publiée en russe dans les Zapiski (Mémoires de la société géographique du Caucase vol. VI, 2, Tiflis, 1891), par C. Egiazaroff

313 Pièce d’eau dans Hyde-Park, à Londres. La glace avait cédé sous le poids des patineurs.

314 Parc, à Londres.

315 L’évasion d’une prison française est extrêmement difficile ; cependant un prisonnier s’échappa d’une des prisons de France, en 1884 ou 1885. Il réussit à se cacher pendant un jour entier, quoique l’alarme fût donnée et que les paysans du voisinage fussent à sa recherche. Le matin suivant il était caché dans un fossé, tout près d’un petit village. Peut-être avait-il l’intention de voler quelques aliments ou quelques vêtements afin de pouvoir quitter son uniforme de prisonnier. Tandis qu’il était couché dans son fossé, un incendie éclata dans le village. Il vit une femme sortir en courant d’une des maisons en flammes, et entendit ses appels désespérés pour sauver un enfant dans les étages supérieurs de la maison qui brûlait. Personne ne bougea pour répondre à son appel. Alors le prisonnier fugitif sortit de sa retraite, s’élança à travers le feu et, la figure brûlée et les habits en flammes, rapporta l’enfant sain et sauf et le remit à sa mère. Naturellement il fut arrêté sur-le-champ par le gendarme du village, qui alors se montra. Il fut ramené à la prison. Le fait fut rapporté par tous les journaux français, mais aucun ne s’employa à demander la libération du prisonnier. S’il avait défendu un gardien contre le coup d’un camarade on aurait fait de lui un héros. Mais son acte était simplement humain, il n’encourageait pas l’idéal de l’État ; lui-même ne l’attribua pas à une soudaine inspiration de la grâce divine ; cela suffit pour laisser cet homme dans l’oubli. Peut-être six ou douze mois furent-ils ajoutés à sa condamnation pour avoir volé « les effets de l’État », l’uniforme de la prison.

316 En France, le Touring Club.

317 L’Académie de médecine pour les femmes (qui a donné à la Russie une grande partie de ses 700 femmes docteurs diplômés), les quatre universités de femmes (environ 1.000 élèves en 1887 ; fermées cette année-là et réouvertes en 1895) et l’École commerciale supérieure pour les femmes sont entièrement l’œuvre de sociétés privées. A de semblables sociétés nous devons le niveau élevé que les lycées de filles ont atteint depuis qu’ils furent ouverts vers 1860. Ces 100 lycées, répartis dans l’empire russe (plus de 70.000 élèves) correspondent aux High Schools de filles en Angleterre ; mais tous les professeurs ont des grades universitaires.

318 Le Verein für Verbreitung gemeinnützlicher Kenntnisse, quoique n’ayant que 5.500 membres, a déjà ouvert plus de 1.000 bibliothèques et écoles publiques, organisé des milliers de conférences et publié des ouvrages très importants.

319 Très peu d’écrivains en sociologie y ont fait attention. Le Dr Ihering a cependant écrit sur ce sujet, et son cas est fort instructif. Quand ce grand juriste allemand commença son ouvrage philosophique, Der Zweck im Rechte (« Le but du droit ») il avait l’intention d’analyser « les forces actives qui produisent le progrès de la société et le maintiennent », et ainsi donner « la théorie de l’homme social ». Il analysa d’abord l’action des forces égoïstes, y compris le système actuel de salaires et de coercition dans toute la variété des lois politiques et sociales ; et, suivant le plan soigneusement élaboré de son ouvrage ; il avait l’intention de consacrer le dernier chapitre aux forces morales - le sens du devoir et l’amour mutuel - qui contribuent au même but. Mais quand il en vint à étudier les fonctions sociales de ces deux facteurs, il dut écrire un second volume deux fois plus gros que le premier ; et cependant il ne traita que des facteurs personnels, qui ne prendront dans ce livre-ci que quelques lignes. L. Dargau reprit la même idée dans Egoismus und Altruismus in der Nationalökönomie, Leipzig, 1885, en ajoutant quelques faits nouveaux. L’Amour, de Büchner, et plusieurs paraphrases de cet ouvrage publiées en Angleterre et en Allemagne traitent le même sujet.

320 Light and Shadows in the Life of an Artisan, Coventry, 1893.

321 Beaucoup de gens riches ne peuvent pas comprendre comment les plus pauvres peuvent s’aider les uns les autres, parce qu’ils ne peuvent se faire une idée juste de quelles quantités infinitésimales de nourriture ou d’argent dépend souvent la vie d’un malheureux des classes les plus pauvres. Lord Shaftesbury avait compris cette terrible vérité quand il créa le Fond des Petites Marchandes de Fleurs et de Cresson, sur lequel on faisait des prêts d’une livre (25 francs) et quelquefois de deux livres, pour permettre aux jeunes filles d’acheter un panier et des fleurs en hiver lorsqu’elles sont dans un cruel besoin. Les prêts étaient accordés à des jeunes filles qui n’avaient « pas un six-pence » (60 centimes), mais qui ne manquèrent jamais de trouver quelque autre pauvre prête à se porter caution pour elles. « De toutes les œuvres auxquelles je me suis trouvé mêlé, écrit lord Shaftesbury, je considère celle des petites Marchandes de Cresson, comme la mieux réussie... Nous commençâmes en 1872 ; nous déboursâmes de 800 à 1 ;000 prêts, et nous n’avons pas perdu 50 livres pendant toute cette période... Ce qui a été perdu - et ce fut très peu de chose dans ces circonstances - l’a été pour cause de mort ou de maladie, non par fraude. » (The Life and Work of the Seventh Earl of Shaftesbury, par Edwin Hodder, vol. III, p 822, Londres, 1885-86). Plusieurs autres faits dans Life and Labour in London, vol. I, de Ch. Booth, dans Pages from a Work Girl’s Diary, de miss Beatrice Potter (Nineteenth Century, septembre 1888, p. 310) etc.

322 Samuel Plimsoll. Our Seamen, édition populaire, Londres, 1870, p. 110.

323 Our Seamen, u s, p. 110. Mr. Plimsoll ajoute : « Je ne voudrais pas dire du mal des riches, mais je pense qu’il y a bien des raisons de se demander si ces qualités sont aussi développées chez eux ; car non seulement la plupart ne connaissent pas bien les besoins, raisonnables ou non, de leurs parents pauvres, mais encore ces qualités n’ont pas à s’exercer aussi chez eux fréquemment. La richesse semble si souvent étouffer les bons sentiments de ceux qui la possèdent, et leurs sympathies deviennent, sinon diminuées, au moins pour ainsi dire « stratifiées » ; ils les réservent aux souffrances de leur propre classe, et aussi aux malheurs de ceux qui sont au-dessus d’eux. Rarement ils se tournent vers les inférieurs, et ils sont plus disposés à admirer un acte de courage... qu’à admirer la force d’âme constamment mise à l’épreuve et la tendresse qui sont les traits caractéristiques de la vie de chaque jour d’une femme d’ouvrier anglais » - et, ajouterai-je, des ouvriers au monde entier.

324 Life of the Seventh Earth of Shaftesbury, par Edwin Hodder. vol. I, pp. 137-138

325 Voir Marriage Customs in many Lands, par H. N. Hutchinson, Londres, 1897.

326 Beaucoup de formes nouvelles et intéressantes de ces traditions ont été réunies par Wilhelm Rudeek, Geschichte der öffentlichen Sittlichkelt in Deutschland, ouvrage analysé par Durckheim dans l’Annuaire sociologique, II, 312.

327 A Servio Tullio populus romanus relatus in censum, digestus in classes, curiis atque cellegiis distributus (E. Martin-Saint-Léon, Histoire des corporations de métiers depuis leurs origines jusqu’à leur suppression en 1791, etc., Paris, 1897).

328 La sodalitia romaine, autant que nous en pouvons juger (même auteur, page 9), correspondait aux Çofs des kabyles.

329 On est frappé de voir avec quelle évidence cette même idée est exprimée dans le passage de Plutarque concernant la législation des « collèges de métiers » par Numa : « Et par ce moyen, écrit Plutarque, il fut le premier à bannir de la cité cet état d’esprit qui poussait le peuple à dire « Je suis un Sabin » ou « je suis un Romain », ou « je suis un sujet de Tatius », ou « je suis un sujet de Romulus », - en d’autres termes, à exclure l’idée de descendance différente.

330 L’ouvrage de H. Schurz, consacré aux « classes par rang d’âge » et aux unions secrètes pendant les époques barbares de la civilisation (Altersklassen und Männerverbande : eine Darstellung e der Grundformen der Gesellschaft, Berlin, 1902) qui me parvient pendant que je suis en train de relire les épreuves de ces pages [La première édition anglaise, parue en 1902 (note du traducteur)] contient nombre de faits confirmant l’hypothèse ci-dessus énoncée sur l’origine des guildes. L’art de bâtir une grande maison communale de façon à ne pas offenser les esprits des arbres abattus ; l’art de forger les métaux de façon à se concilier les esprits hostiles ; les secrets de la chasse et des cérémonies et danses masquées, qui la rendent heureuse ; l’art d’enseigner les arts des sauvages aux jeunes garçons ; les moyens secrets de se préserver des sortilèges des ennemis, et par suite, l’art de la guerre ; la fabrication des bateaux, des filets de pêche, des trappes pour prendre les animaux, ou des pièges à oiseaux, et enfin les arts des femmes concernant le tissage et la teinture des étoffes - c’étaient là dans les temps anciens autant d’« artifices », et de « mystères » (crafts), qui demandaient le secret pour être effectifs. Aussi, depuis les temps les plus anciens ils n’étaient transmis que par des sociétés secrètes à ceux seuls qui avaient subi une pénible initiation. H. Schurtz montre que dans la vie des sauvages il y a tout un réseau de sociétés secrètes et de « clubs » (de guerriers, de chasseurs) qui ont une origine aussi ancienne que les « classes matrimoniales » et contiennent déjà tous les éléments de la future guilde : caractère secret, indépendance par rapport à la famille et quelquefois par rapport au clan, culte en commun de dieux spéciaux, repas en commun, juridiction rendue au sein de la société et confrérie. La forge et le garage des bateaux sont habituellement les dépendances des clubs des hommes ; et les « longues maisons » ou « palabres » sont construites par des artisans spéciaux qui savent comment on conjure les esprits des arbres abattus.

Format : pdf | 342 pages

Scan et corrections : L’Idée Noire, 8/06/06 | ©opyleft

A lire également au format texte (html) sur RA Forum.

 18/11/2010

 Ad Nauseam | 2008 · 2022