ZAD - Notre Dame des Landes
"Appel pour retrouver un sens politique à la lutte (...)"

Réponse au collectif contre les normes*.

Au Collectif contre les normes
A celles ou ceux de ses membres qui ont écrit
"L’appel pour retrouver un sens politique à la lutte qui se mène aujourd’hui sur la ZAD"(lire ci-dessous)

Réponse au Collectif contre les normes

Une de vos promesses est encourageante. Elle pose la méthode : « regarder simplement les faits et leurs résultats suffit amplement à les juger » (p.2). Juger : c’est exactement le propos du texte, et condamner en conséquence. Je cite : « Il y a de l’indécence de la part des négociateurs à imaginer rester sur ‘‘zone’’ quand ils ont pu s’y installer grâce à la solidarité permanente qui s’y est développée et qu’ils vont pouvoir y rester parce qu’ils ont rompu cette solidarité » (p.6). Quelle négociation ? Quelle solidarité ? Quelle rupture ? Votre texte procède par affirmations tranchées et invérifiables. Il devrait au moins citer les dits-négociateurs ou les textes qui soutiennent ou justifient la stratégie actuellement mise en œuvre. Rien de tel. On trouve seulement (p.2) deux titres de textes qui vous tiennent lieu d’évangiles et dont vous conseillez « vivement la lecture éclairante ». Tous deux violemment hostiles aux tentatives de sauver l’essentiel des solidarités expérimentées sur la ZAD avec les moyens du bord. Lesquels ?

La sortie du projet d’aéroport, en cas de victoire, a toujours été anticipée comme difficile. Dès 2014, elle a été préparée par de longues discussions « pour l’avenir de la ZAD » où tout le monde était convié. Les 6 points, que vous détectez comme le support de « mensonges entièrement discernables », y ont été patiemment et collectivement élaborés. L’entité y a été imaginée selon cette base commune : « Que ce soit donc le mouvement anti-aéroport et non les institutions habituelles qui déterminent l’usage de ces terres » ; une entité « issue du mouvement qui rassemblera toutes ses composantes ». Le versant juridique n’en était donc pas « la pierre angulaire » comme vous l’affirmez mais une précaution et un atout à travailler, conscients que les difficultés seraient énormes et que l’Etat mettrait le paquet pour reprendre la main sur la zone. Puis l’Assemblée des Usages a porté ces "6 points" pour soutenir et garantir un avenir commun et diversifié à tous les occupants de la ZAD.

Enoncé comme cela, dans la situation présente, un tel échafaudage paraîtra naïf ou complaisant à des lecteurs pressés, qui n’auraient rien retenu, rien vu et rencontré personne depuis des années sur la ZAD... et à vous, qui prétendez avoir tout compris. Mais vous en rajoutez dans l’injure et le mépris contre ceux que vous taxez d’« ambitieux », d’ « idiots utiles », de « pantins de l’Etat » qui se fondent « toujours plus dans ?ses ? attentes (...) pour avoir une bonne note à l’examen de passage » (p.4). C’est votre manière de passer sous silence la complexité et la générosité du processus, et les textes qui l’ont porté, ainsi que ce qui continue de se discuter, de se construire quotidiennement et dans les pires conditions.

Occultation, donc, de textes que connaissent quelques-uns d’entre vous : les communiqués du mouvement, les compte-rendus publics des « négociations », Etre sur zone d’Alèssi Dell’Umbria daté de fin avril, le communiqué de soutien très impliqué du collectif syndical, Zad Will Survive du CMDO largement diffusé le 10 février.

Ah ! Le CMDO (Conseil pour le Maintien Des Occupations) que vous ne citez jamais. Si pourtant, de façon détournée et choisie, car il est la cible privilégiée des deux textes dont vous conseillez (p.2) « vivement la lecture éclairante » et qui aligne mensonges, calomnies, interprétations systématiquement négatives. Il faut reconnaître qu’ils ne sont pas les seuls : chaque semaine apporte son lot de crachats diffusés sur les « réseaux » avec une sorte de jubilation identitaire haineuse dans un milieu militant pour qui un langage clair et, plus largement, la recherche de la vérité, sont devenus des tâches négligeables. Votre texte rejoint et conforte, par son apparence de sérieux, ces bousilleurs du commun, de ce qui est vivant dans les mouvements.

Le CMDO est d’abord un groupe non affinitaire de 30 ou 40 personnes issues d’une dizaine de lieux occupés sur la ZAD. Voici quelques extraits d’un texte publié dans le Zad News courant 2017 (Quelques mots sur le CMDO) qui apportait quelques précisions :

« On veut que ce qui nous tienne ensemble soit une qualité de liens entre nous mais aussi avec des personnes d’autres composantes. »
« On a en commun le fait de se retrouver pour penser ensemble ce qui nous arrive au sein de cette lutte, et d’y travailler une capacité d’action dans le mouvement plus large. »
« On ne croit pas que l’on va garder la ZAD et encore moins changer radicalement le cours du monde à quelques centaines d’occupant.es ou n’importe quel autre petit groupe aussi tranché soit-il dans son refus de l’ordre existant ».
« On s’est donné comme principe, à la fois politique et existentiel, que pour notre part on ne passerait pas notre vie à pourrir les autres. »

Et ainsi de suite. Le texte fait huit pages. Je vous l’envoie.

« Créer des précédents qui continuent à repousser le seuil de ce que les institutions peuvent accepter. En espérant que ces coins enfoncés dans la rigidité du droit français servent à bien d’autres que nous dans l’avenir ». C’est encore le CMDO dans Zad Will Survive diffusé le 10 février. Il faut bien reconnaître que pour l’instant, c’est exactement l’inverse qui se passe, et nul ne sait jusqu’où ça ira. Le Collectif contre les normes, lui, a l’air de le savoir, en prédisant la victoire de l’Etat sur toute la ligne. Il y a quelque chose de vertigineux (mais c’est nécessaire) à rappeler les termes d’un pari qui est en train d’échouer sous sa formulation première. De là à soupçonner ses partisans de mensonges et dès le commencement, c’est aller trop vite en besogne. Il s’agirait selon votre texte de choix stratégiques dictés par les membres, établis à l’Ouest, d’une sorte d’élite, « dotés d’un capital social et d’une intelligence tactique qui nous rendaient plus difficilement attaquables », tout cela entre guillemets dont je me demande d’où ils viennent, comme pour glisser en douce (p.4), en sous-entendu, des mots que personne n’a prononcé. Que cette division soit une carte maîtresse de l’Etat est une chose avérée. Qu’elle soit accréditée par des opposants en est une autre alors même que l’Assemblée des Usages et sa délégation ont tout tenté pour casser cette image et empêcher toute forme de tri entre les occupants.

Le Collectif contre les normes (ou quelques-uns de ses membres) chaussant les lunettes de Bourdieu pour décrire la ZAD ! Quelle caricature pour qui sait regarder et est venu partager des chantiers communs et des banquets sur la zone ! D’autant que le pari (certes en lambeaux), de nombreux occupants, plus que vous ne le dites, tentent de le reformuler concrètement, dans les pires difficultés, que vous connaissez. Il a donc fallu présenter des projets sous la menace, comme vous peut-être quelquefois, non pas de la suppression de primes ou de subventions mais d’une pure et simple annihilation... et d’un retour pour beaucoup au « néant et ?à ? l’humiliation du salariat ». D’où les fiches nominatives et certainement pas individuelles comme l’ordonnait la Préfecture ; et les signataires, pourtant en désaccord entre eux sur de nombreux points, ont tous souligné, vous le savez, la complémentarité et l’interdépendance de tous les projets. Cela a été écrit, déclaré, soutenu dans des rassemblements devant la Préfecture avec des occupants, des paysans de COPAIN, des membres de l’ACIPA et de la Coordination... pas tous et loin de là. Un mouvement ou ce qu’il en reste serré de si près, menacé de toutes parts, en état d’urgence avec de nombreuses habitations détruites et toutes les autres menacées, tente de sauver ce qu’il peut du terrain de lutte développé pendant des années, et vous lui tombez dessus avec une hargne et une mauvaise foi que l’on pourrait traiter avec mépris.

Je n’y succomberai pas parce que votre combat contre les normes est courageux, compliqué, et complémentaire encore - quoi que vous proclamiez - de celui qui continue sur la ZAD. Je comprends évidemment votre déception de voir ce terrain de lutte céder devant plusieurs exigences de la Préfecture en matière de contrôle des troupeaux et, plus largement, des activités agricoles. Mais vous pouviez comprendre qu’il y a sous les quatre blindés, les grenades mutilantes et 2000 gendarmes mobiles, des manières plus subtiles et efficaces de combattre les normes et le monde qui les engendre à moyen et à long terme qu’en le criant sur les toits ou derrière les barricades. Même si les barricades ont été importantes - jamais décisives - et pourraient le redevenir. Et il y a des moyens plus subtils et efficaces que des textes (pas même celui-ci) pour vous convaincre de mon propos, ce seraient des rencontres : connaître celles et ceux qui rédigent les fameuses fiches... travailler un peu avec eux... tisser des liens sensibles. Les proclamations de principe que vous avancez sont intenables dans les circonstances présentes. Mais il reste un point commun avec vous, que vous avez proclamé plusieurs fois : « Seul un territoire en lutte peut s’opposer à la normalisation industrielle agricole » et à beaucoup d’autres choses. En lutte. Donc existant. Vivant. En évitant de nouveaux coups par des pourparlers. Dell’Umbria l’a rappelé : les Indiens du Chiapas, dans des conditions autrement meurtrières, ont négocié avec l’Etat mexicain tout en s’assurant toutes sortes de soutiens. Pas seulement pour survivre : pour gagner du temps et dégager des marges à seule fin de défendre des formes d’autonomie singulières liées à ce qu’ils étaient dans leurs terres. On peut préférer le suicide collectif ; ce ne fut pas leur choix, ni celui de la plupart des occupants de la ZAD, et vous pas davantage. Pourquoi dès lors écrivez-vous (p.5) : « Rien n’a jamais été obtenu en négociant, sinon de fausses victoires (...) » ?

Vous soutenez celles et ceux qui ne négocient pas, sur la ZAD. Très bien. Vous devriez venir vivre avec eux pendant quelques mois avec vos troupeaux pour éprouver quel avenir était possible avec ceux qui cisaillaient les clôtures de leurs voisins, creusaient des trous dans les routes au moment où cela seul a fait venir les gardes mobiles au cœur de la zone, se complaisent dans l’injure jubilatoire (comme dans la dernière Assemblée des Usages) à l’égard de ceux qui soutiennent (ou soutenaient) encore un commun sur la ZAD. Votre texte surenchérit sur leurs invectives en attaquant bêtement (p.4) un paysan du Limimbout, Marcel T., pour cela seul qu’il a rappelé en assemblée qu’il n’était pas « contre l’Etat », alors qu’il ne s’en était jamais caché. Il n’avait jamais caché non plus que ce qui lui importait avec les occupants ce n’était pas les idéologies ni les étiquettes, mais « ce qu’on pouvait faire ensemble ». Ecrire qu’il était « tout heureux de négocier avec l’Etat la réappropriation de sa ferme » alors qu’il fut, qu’il est encore le paysan de la zone qui est allé le plus loin dans les activités communes, est assez dégueulasse et témoigne d’une volonté de salir ce qui été constructif avec pas mal de voisins.

Que ceux qui ont écrit de telles énormités aillent cracher leur mépris - en face - à celles et ceux qui s’accrochent à ce qui leur donne la vie : les activités collectives, les amitiés, la terre, le sens d’un commun ouvert à des suites ; qu’ils aillent leur dire en face que leur présence sur la zone relève de « l’indécence » !

Qu’ils sachent qu’en arrivant ils verront en pleine et libre activité l’atelier de la Curcuma, la conserverie de la Noé Verte, les planches pour reconstruire découpées et entreposées au hangar de l’avenir, le travail d’Abracadabois, les champs semés de sarrasin (5 hectares le 20 mai dernier dont une partie à la main) sur des terres conquises en 2013. Et les troupeaux, la bibliothèque, un tout nouvel élevage d’escargots ; puis d’autres banquets fort peu civilisés, surtout à la fin ; et la Cagette des terres qui fait lien entre les activités agricoles et les luttes ouvrières quand il y en a.

Toujours sous la menace, dans un pari reformulé par ces signatures de COP (Convention d’Occupation Précaire) d’une grande fragilité. Le pari n’est pas gagné mais quoi d’autre ? Reprocher à la ZAD ce que les autres ne font pas est d’une arrogance butée.

Il m’a semblé impossible de laisser un texte aussi largement calomniateur que le vôtre circuler sans répliquer. Surtout, l’instrumentalisation de votre lutte pour dégrader les combats de celles et ceux dont je partage tant de « peines et de plaisirs », quand ils se décarcassent pour sauver et prolonger ce qui peut l’être, m’était insupportable.

Je ne parle au nom de personne, même si je participe aux discussions du CMDO.

Nantes, le 4 juin 2018
— Patrick Drevet


Appel pour retrouver un sens politique à la lutte qui se mène aujourd’hui sur la ZAD

Ce texte est le fruit d’une longue réflexion à plusieurs qui nous avait conduits à publier une première analyse (« À Notre-Dame-des-Landes, comme ailleurs, seul un territoire en lutte peut s’opposer à la normalisation industrielle agricole ») quelques jours avant le rendez-vous du 10 février 2018 sur la ZAD, à la suite de la décision gouvernementale d’abandonner le projet d’aéroport. Le processus de négociation que nous critiquions alors enferme désormais le devenir de la ZAD. Ce nouvel appel ne se veut pas une réaction à une actualité derrière laquelle nous serions éternellement à la traîne. Il est publié quelques heures avant l’annonce gouvernementale qui doit fixer le nom des personnes qui auront le droit de mener un projet agricole sur la ZAD.

Nous, agriculteurs, agricultrices et habitants des campagnes, engagés dans un conflit contre la normalisation industrielle des campagnes largement organisée par les administrations agricoles, avons eu l’occasion de prendre part à maintes reprises à la lutte qui se mène à Notre-Dame-des-Landes depuis des années. Comme des milliers de personnes, nous n’y avons pas seulement reconnu une lutte contre un aéroport, mais tout autant un territoire et des habitants qui ont su, pendant 10 ans, se libérer d’une emprise administrative qui industrialise les campagnes à marche forcée. Derrière les multiples cabanes, les fromages, la viande, les animaux, les semences, les légumes, les céréales, le non-marché, etc. nous y avons reconnu une autonomie et une liberté reconquise en tenant à distance les administrations, leurs normes et leurs contrôleurs.

Là où chacun dans nos campagnes nous tentons de manière chaque fois trop isolée de ne pas mettre de puces électroniques aux oreilles de nos animaux, d’abattre nos animaux à la ferme, de fabriquer nos fromages hors des normes d’hygiène qui les aseptisent, de contourner les normes de sécurité sanitaire qui interdisent les pratiques paysannes, voire éliminent en masse les troupeaux, de ne pas répondre aux injonctions de traçabilité qui ne servent que d’argument publicitaire pour écouler la merde industrielle, de construire nos hangars et nos maisons à l’encontre des Plans Locaux d’Urbanisme qui font des zones agricoles des zones industrielles comme les autres, la ZAD a longtemps montré que le rapport de force avec l’État est le seul moyen de libérer nos pratiques et nos imaginaires.

Où est la division ?

Depuis l’abandon de l’aéroport, l’opération militaire et le processus de négociation orchestré par la préfecture ont fracturé la ZAD et fait perdre de vue à beaucoup le sens politique du conflit en cours. Cette fracture imposée par l’État est aujourd’hui reprise à leur compte par une grande partie des personnes toujours impliquées dans le conflit. Quiconque met les pieds sur la ZAD peut aujourd’hui prendre la mesure de la réussite provisoire de la manœuvre étatique de division. Grossièrement, une ligne de partage séparerait une zone dévastée (à l’Est) d’une zone d’avenir potentiel (à l’Ouest). Et il faudrait surmonter cette séparation pour laisser la place à la normalisation négociée de la ZAD. Mais cette spatialisation révèle une tension politique dont il nous faut définir les acteurs et les pratiques.

Dans le même temps, alors que les « expulsés » tentent toujours de reconquérir leur territoire ravagé, nombre de citoyens opposants à l’aéroport accentuent l’opération de division en opposant les habitants « jusqu’auboutistes », « radicaux » ou « mauvais » et les « raisonnables », [1] « légalistes », ou « bons », tentant par là de marginaliser et décrédibiliser les premiers en militant pour un retour à la normale, c’est-à-dire à l’État de droit, niant du même coup toute la portée politique de l’affront à ce même État de droit que constitue la ZAD depuis 10 ans.
Au sein même des habitants de la ZAD, cette division a trouvé son vocabulaire. Il y a désormais les « anti-autoritaires » et les « autoritaires », décliné sous la forme « inorganisés » et « organisés », ou encore les « pauvres en capital social » et les « riches en capital social », entre « faibles » et « puissants », ou, plus ostracisant, entre « chieurs-punk-à-chien-relous-anarchistes-primitivistesschlags-bouffons » et « stratèges-pragmatiques-intellos ».

Ces divisions, désormais inscrites comme événement médiatique, fabriquent des figures spectaculaires forcément réductrices qui ont surtout le mérite d’occulter le sens politique de ce qui se joue actuellement sur la ZAD. Que des conflits internes aient préexisté à ces divisions médiatiques, et qu’ils puissent éclairer la partition actuelle, est une donnée dont nous n’allons faire ici l’histoire 1, tout simplement parce que nous n’y avons pas pris part et que la situation présente est suffisamment éclairante en elle-même pour prendre parti dans cette division. Regarder simplement les faits et leurs résultats suffit amplement à les juger. Il y a en effet deux camps aujourd’hui, à savoir ceux qui font le jeu de l’État et ceux qui tentent de s’en défaire.

Mais pour juger des faits, il faut déjouer le spectacle qui les entoure, les effets d’affichage dont ils font l’objet et les mensonges qui s’y cachent. Mensonges dissimulés maladroitement derrière les mots « composition », « unité », « force de la diversité » qui sont devenus les slogans publicitaires d’un « âge adulte de la contestation enfin advenu ». Mensonges entièrement discernables dans le fameux texte des « 6 points » que certaines « composantes » de la lutte présentent comme l’incarnation du consensus obtenu après un long apprentissage des compromis et qui donnerait la possibilité à tous d’y trouver leur compte dans une campagne débarrassée d’un aéroport.

Depuis déjà quelques années la création d’une entité juridique revendiquant l’appropriation légitime des terres est devenue la pierre angulaire de la stratégie officielle du mouvement. Une bonne partie du mouvement s’est ainsi réconfortée sur le fait que l’après abandon de l’aéroport était anticipé et que cette solution permettrait à tous les habitants de rester vivre sur la ZAD. Le mensonge est précisément là. Et il éclate malheureusement à la figure de ceux qui en avaient pris la mesure, c’està-dire ceux-là même qui ont vu leur habitat réduit en miettes depuis le 9 avril.

Pas de LarZad

Illusion et mensonge, parce qu’en mobilisant l’imaginaire du Larzac et en proposant de reprendre la formule qui a fonctionné là-bas, il s’agissait précisément de nier la singularité de l’histoire de la ZAD depuis 10 ans.

La réussite de la négociation avec l’État au Larzac a donné les résultats que l’on sait parce que les personnes qui occupaient le camp militaire et souhaitaient y rester étaient tous candidats pour devenir « chef d’exploitation ». Une fois le projet du camp militaire abandonné, les terres du Larzac pouvaient tranquillement être reprises en main par des agriculteurs. Au Larzac il n’y eut aucune velléité d’occuper les terres pour remettre en cause une agriculture entièrement prise dans un processus de normalisation industrielle. Personne n’allait s’offusquer du fait que cet arrangement avec l’État, qui donnait les terres en gestion aux agriculteurs, permettrait à la firme industrielle « Roquefort société » d’y accroître ses plus-values, enrobées d’une appellation d’origine contrôlée qui donnerait le change à l’exigence de « qualité » qui se faisait jour. L’industrialisation faisait encore l’unanimité dans les campagnes et personne ne voyait encore dans les AOC un enfumage publicitaire qui permettait d’accentuer l’exploitation des sols, des animaux et des humains.

A contrario, à la ZAD la simple appropriation collective des terres ne pouvait pas signifier une quelconque victoire si elle devait advenir. La normalisation industrielle des campagnes n’ayant fait que s’approfondir en 40 ans, c’est tout logiquement que la plupart des gens venus s’installer sur la ZAD l’ont fait en rupture totale avec ces normes industrielles encadrées par une administration agricole toujours plus puissante. Cette vie en sécession avec l’État n’a pu se déployer que parce que le rapport de force permanent sur place a permis, à partir de 2013, de tenir cette administration hors de la zone. Habitats et activités agricoles, notamment, partageaient une parfaite illégalité en même temps qu’ils privilégiaient un rapport poétique et collectif au monde en rupture avec les injonctions productives et individualistes, qui dégoûtent les plus passionnés de se faire agriculteurs.

Cette perspective stratégique, qui tente de se réaliser aujourd’hui, était donc un mensonge, au mieux par omission. La prétendue solution d’appropriation « pour tous » ne pouvait pas en être une. Tout simplement parce qu’une fois que l’État remettrait la main sur la ZAD, même en offrant la gestion des terres à une entité juridique portée par le mouvement, il ne pouvait qu’imposer « l’État de droit ». Or le niveau d’illégalité de chacun n’a jamais été également partagé. La régularisation que devait exiger l’État ne pouvait pas concerner tout le monde et pas de la même façon.

Celles et ceux des habitants de la ZAD qui ont pris l’initiative de lancer la négociation avec l’État ne pouvaient pas ignorer qu’ils allaient participer activement à une opération de tri entre les régularisables d’un côté et les autres : c’est-à-dire la majorité, les non-régularisables et les régularisables qui ne voudraient pas se régulariser pour ne pas perdre le sens de ce qu’ils vivaient sur la ZAD.

Il était également évident pour ces apprentis-négociateurs (qui pour la plupart n’ont pas eu leur habitat détruit depuis le 9 avril) que les habitats les plus menacés étaient essentiellement situés à l’est de la ZAD, à la fois parce qu’il n’y avait pas d’habitat en pierre (de fait donc régularisable) mais seulement des cabanes qu’aucun PLU n’accepterait de régulariser, et aussi parce que les vies qui s’y déployaient ne pouvaient pas se fondre dans un statut de chef d’exploitation.

Le « on défend tout le monde » a donc toujours été un mensonge crapuleux, une vitrine présentable pour masquer la réalité. Certains, comme Julien Durand, José Bové ou Françoise Verchère, n’ont pas eu de mal à sortir de cette opération mensongère (dans laquelle les manœuvres de « composition » les tenaient jusqu’au 9 avril) en légitimant l’opération de tri entamée par l’État, c’est-à-dire en légitimant l’expulsion de ceux qu’ils appellent les « jusqu’auboutistes ». D’autres, notamment les habitants de la ZAD engagés dans la négociation, ont encore besoin de faire croire à l’unité et à la solidarité de tous vis-à-vis de tout le monde. Cette unité, factice depuis longtemps, a pourtant volé en éclats depuis que quelques dizaines d’habitants ont décidé de remplir des formulaires de régularisation, c’est-à-dire de participer activement au triage orchestré par la préfecture.

Les négociateurs ont pris soin de ce que la plupart des lieux de vie et des parcelles utilisés par le mouvement soient intégrés dans ces formulaires pour faire vivre cette unité factice des habitants. Le tri était pourtant déjà bien réel, avant même que la préfecture ne fasse le sien. Des dizaines d’habitants n’ont pas voulu jouer ce jeu forcément perdant et nombre de lieux déjà détruits ne font même plus partie des espaces à négocier. Le tri de la préfecture fera le reste pour fignoler la sélection.

En guise de solidarité de tous envers tous, il ne reste plus aux plus ambitieux qu’à tenter de sauver leur peau en se fondant toujours plus dans les attentes de l’État pour avoir une bonne note à l’examen de passage. On n’hésite plus à démontrer qu’on s’est mis au diapason de la normalisation industrielle en « puçant » ses brebis, en annonçant un bâtiment de transformation « aux normes », en affirmant participer d’une « économie sociale et solidaire », etc. Après avoir imposé en interne le nettoyage de la route des chicanes, en janvier, certains exigent désormais l’enlèvement des barricades pour plaire à la préfecture, pourtant ultimes outils de résistance pour les expulsés et expulsables, mais qui gênent le processus de négociation de ceux qui se croient « régularisables ».

Double discours

La rupture de solidarité engagée par les « régularisables » n’en est que plus ignoble quand elle se double d’un discours qui tente d’expliquer rationnellement pourquoi l’Est a été entièrement détruit et pourquoi l’Ouest reste globalement indemne. On nous explique ainsi que l’État s’en est pris aux « plus faibles », sous entendu « nous, qui avons encore sauvegardé nos lieux de vie sommes dotés d’un capital social et d’une intelligence tactique qui nous rendaient plus difficilement attaquables, ilfaut donc nous suivre ».

L’opération militaire a pourtant pris soin de montrer que l’État pouvait tout détruire s’il le voulait. Ce que ces négociateurs ne voudront jamais retenir c’est qu’ils ne sont pas les « plus forts » mais simplement les pantins de l’État, qui avait besoin d’eux dans son opération de communication.
Macron avait besoin de montrer sa capacité à rétablir l’« ordre républicain ». Mais pour le faire et ne pas donner le sentiment que l’ « ordre républicain » se confond avec un État fasciste, il avait besoin d’idiots utiles, de sauver quelques personnes du carnage, de faire de la ZAD un espace labellisé « transition écologique » par M. Hulot en personne. N’en doutons pas, l’opération sera parfaitement réussie de la part de l’État. Il y aura des couleuvres dures à avaler pour quelques régularisables non-régularisés, mais la solidarité réduite à ce petit groupe devrait tout de même suffire à se satisfaire de cette « petite victoire ».

La richesse en capital social de cette bande de négociateurs leur permet aujourd’hui de mobiliser nombre de soutiens dans la classe « intellectuelle », qui se répandent sur la toile pour défendre leur intelligence tactique. On veut nous convaincre qu’il fallait être pragmatique et qu’il n’y avait rien d’autre à gagner que quelques fermes normalisées « transition écologique ». Et, en effet, ces apprentis-négociateurs redoublent d’efforts depuis des années pour défendre leur intelligence tactique. Depuis des années, on nous rabâche les oreilles sur le fait que la « composition » est une formidable aventure humaine où les désaccords politiques se travaillent, où chacun fait un pas vers l’autre, où l’unité ne se fabrique pas sur la base du moins-disant mais qu’elle est un processus vertueux qui gagne en radicalité.

Derrière ce beau récit, les masques tombent quand l’État s’impose par la force. On découvre alors qu’un des paysans historiques de la ZAD, tout heureux de négocier avec l’État la réappropriation de sa ferme et qu’on imaginait positivement perturbé par la capacité des zadistes à bricoler des vies hors de l’État de droit, affirme froidement en assemblée qu’il n’a jamais été contre l’État, qu’il a toujours assumé que sa ferme avait besoin de l’État pour exister… Et l’on découvre que les seuls à avoir fait un pas vers l’autre dans ce travail de composition ne sont donc que ces zadistesnégociateurs, qui après 10 ans de composition ont troqué leur costume de black bloc pour trouver une place dans les couloirs de la préfecture. Voilà donc l’âge adulte de la contestation enfin advenu.

On veut désormais nous faire croire que la négociation elle-même est une ruse tactique, qu’on va enfumer l’État. On a certes rempli des formulaires, mais tout ça c’est pour fabriquer le « manteau », cette entité collective qui aura légitimité à gérer les terres de la ZAD (une partie au moins), et que, sous le manteau, le « corps » sera protégé, c’est-à-dire qu’on pourra reprendre nos activités illégales au nez et à la barbe d’une administration qui n’y aura vu que du feu… Preuve de notre intelligence tactique, mais aussi sa contre-partie, c’est qu’il ne faut pas parler de ces activités illégales. Il ne faut pas dire pourquoi elles le sont, surtout ne pas remettre en question la normalisation industrielle des activités agricoles imposée par l’État, au risque de dévoiler trop notre jeu. Il ne faut donc plus que notre lutte fasse apparaître son sens profond pour que la manœuvre ait une chance de réussir. Et, de toute manière, si on reprenait le sens initial de la lutte « contre son monde » qui s’est incarné dans les vies en sécession déployées depuis 10 ans sur la ZAD, personne ne le comprendrait et on aurait plus assez de soutien pour tenir un rapport de force. Il faut donc être pragmatique. Mais ne vous inquiétez pas, on cache notre jeu et on rebondira plus fort…

Limites de la « zone »

Les moins fiers de ces basses manœuvres, mais tout de même convertis au pragmatisme négociateur, ne sont pas en reste pour contrer l’outrecuidance « donneuse de leçons » d’une critique de la stratégie en cours. Il faut donc nous convaincre qu’il n’y avait rien d’autre à faire. Vous qui êtes plus malins que tout le monde, qu’auriez vous fait de mieux que de négocier ? Et voilà qu’on nous targue de « complaisant défaitisme » qui empêcherait les « radicaux » de se satisfaire d’une petite victoire.

Oui, en effet, la force de l’État ne permettait pas de rêver aux grands soirs. En effet, même si l’histoire de la ZAD depuis 10 ans a suscité la mobilisation de quelques milliers de soutien, cela reste bien trop faible pour affaiblir radicalement les prétentions de l’État à administrer nos vies.

Mais il n’y a là rien de neuf. C’est la réalité que nous vivons chacun dans nos fermes de manière isolée et encore plus faible. Rien de neuf dans le fait que nous apprenons chaque jour dans nos fermes à ravaler nos prétentions et à trop souvent nous mettre aux normes à contrecœur après avoir résisté jusqu’à épuisement. En effet, les défaites nous les côtoyons tous les jours, sans complaisance, mais avec une rage rentrée. Et c’est cette rage qui nous anime aujourd’hui pour construire un collectif capable de tenir un rapport de force avec l’État, contre ses normes et pour nous donner une chance de moins nous mettre à genoux.

Et c’est justement parce que nous n’en pouvons plus de nous mettre à genoux, et que nous connaissons si bien les lâchetés du syndicalisme en général et de la gauche paysanne en particulier, qu’il n’est plus question de faire face à l’État pour finir désarmés dans un bureau de négociation. Rien n’a jamais été obtenu en négociant, sinon de fausses victoires toujours là pour préserver les intérêts du capital et satisfaire les syndicalistes prompts à prendre des vessies pour des lanternes pour se faire mousser avec cette efficacité pragmatique.

Cette tartufferie des négociations montre ses effets tous les jours dans les campagnes. On le mesure peut-être plus qu’ailleurs dans le cadre de la lutte contre les pesticides. Récemment encore les antipesticides négociateurs pouvaient se réjouir d’avoir obtenu à l’échelle européenne l’interdiction de quelques néonicotinoïdes tueurs d’abeilles. Mais cette interdiction est un cache-sexe d’une industrie mortifère qui déverse déjà ses nouvelles molécules pas encore interdites ou qui confectionne les robots désherbeurs de demain qui remplaceront les paysans dans les campagnes. 30 ans de négociations implacables ont permis d’obtenir l’interdiction de près de 100 molécules, alors que dans le même temps la consommation de pesticides augmentaient de 15 000 tonnes par an. Les « petites victoires » font les grandes défaites et il y a toujours des écologistes et des syndicalistes pour s’extasier de leur propre pragmatisme.

Mais que fallait-il faire donc, si tout est toujours perdu d’avance ?

La suite de la résistance à Notre-Dame-des-Landes aurait toutefois pu prendre une autre tournure si les futurs négociateurs avaient pris le temps de se nourrir de 6 ans de réelles victoires. Avoir repoussé l’emprise étatique durant tout ce temps est déjà une victoire en soi. Il était tout entier là l’esprit de la lutte auquel il fallait donner une suite. Au lieu de quoi les négociateurs ont préféré défendre un simple territoire, une « zone », au prix de se conformer aux normes qui aménagent les « zones ».

Engager le conflit sur le terrain de la légitimité de l’illégalité vécue pendant 6 ans aurait permis de repartir de la condition commune qui est faite aux agriculteurs, d’y trouver des alliances pour déplacer la lutte contre les administrations et de ne pas s’enfermer dans un territoire d’exception qu’il fallait à tout prix défendre.

Il y a de l’indécence de la part des négociateurs à imaginer rester sur « zone » quand ils ont pu s’y installer grâce à la solidarité permanente qui s’y est développée et qu’ils vont pouvoir y rester parce qu’ils ont rompu cette solidarité. Une indécence d’autant plus grande, et dérisoire, que ce qui va s’y gagner, c’est la simple possibilité de s’installer en agriculture sur quelques hectares. Chose qui peut se faire partout en France d’autant plus facilement que les fermes se transmettent par milliers ces temps-ci et qu’il n’y pas besoin de mobiliser des dizaines de milliers de personnes pendant 6 ans pour rendre ces simples transactions financières possibles. Il y a même une agence immobilière – Terres de lien – qui joue très bien ce rôle de favoriser des installations labellisées « transition écologique ».

Mais pour qu’un tel chemin fût emprunté, il aurait fallu que, durant ces 6 ans, le développement des rapports de classes ne vienne pas désamorcer les élans de solidarité. Au point, presque anecdotique, que les « richesses » accumulées majoritairement à l’Ouest sous forme de dons à la lutte durent être régulièrement négociées au prix d’humiliations pour pouvoir passer partiellement à l’Est.

C’est une nouvelle fois avec une rage trop rentrée que l’on constate que sur la ZAD se rejoue en accéléré l’histoire de la gauche paysanne. Une histoire entamée par un syndicalisme de lutte incarné par les paysans travailleurs dans les années 1970 et qui s’est échouée dans les bureaux des ministères sous la bannière Confédération Paysanne. Une histoire qui a permis à l’État de faire de la gauche paysanne l’idiot utile des mutations incessantes des politiques agricoles qui, depuis plus de 20 ans, ont besoin d’apparaître sous le label « transition écologique » pour rendre acceptable l’accélération, tout aussi incessante, de l’industrialisation des campagnes.

Une histoire qui a vu en 2017 la Confédération Paysanne abandonner à une lutte solitaire l’un de ses anciens porte-paroles qui dénonçait la supercherie des dispositifs de traçabilité auxquels il refusait de se conformer parce qu’il avait compris qu’ils n’étaient que le cache-sexe de l’industrialisation permanente. Une histoire de rage isolée, soldée par un assassinat d’État le 20 mai 2017 sur un chemin de Saône-et-Loire. L’État ne gère pas la « sécurité sanitaire » seulement en abattant les troupeaux mal conformés, il gère la colère en éliminant ceux qui la portent : HP ou balles de gendarmes, c’est selon…

Et comment nous épargner le dégoût de voir certains zadistes afficher publiquement le puçage de leur brebis quand des dizaines d’éleveurs en France continuent à résister à cette obligation normative ? Elle est belle la ZAD ! Mère et modèle de toutes les luttes depuis des années, à se mettre à genoux sans avoir même fait le geste d’entamer un rapport de force avec les administrations agricoles. On y est quand même content de s’être fait des Copains pour nous ramener à la raison à temps et d’annoncer que s’il doit y avoir reconstruction il faudra désormais le faire en respectant les Plans Locaux d’Urbanisme. Ces mêmes PLU qui interdisent partout aux petits paysans mal conformés de prétendre construire leur habitation sur leur ferme, mais qui heureusement permettent aux porcheries industrielles d’embellir les campagnes.

Dans cette tragi-comédie des fausses victoires, il ne manquait plus aux négociateurs que de faire jouer leur richesse en capital social pour mobiliser le soutien d’une kyrielle d’experts patentés en « transition écologique » issue de la gauche rurale [2]. Les voilà tous en chœur proposant leur service pour crédibiliser les PDE [3] des zadistes, en créant un Comité d’Accompagnement et de Conseil auprès de l’État et de ces mêmes zadistes. Il fallait bien, en effet, quelques dizaines de gauchistes salariés de l’État pour finir de mépriser toutes celles et ceux, dont nous sommes, qui n’en peuvent plus de se rendre présentables auprès des administrations agricoles et qui ont longuement éprouvé qu’une résistance ne se menait pas en légitimant l’ennemi.

Nous ne voyons pas aujourd’hui d’autres possibilités pour redonner un sens politique à la ZAD, et ailleurs, que de soutenir celles et ceux qui tentent de reconstruire ce qui a été détruit et d’occuper partout les administrations agricoles. Il n’y a rien à y négocier, simplement les dissuader d’organiser le ménage des champs.

Le 14 mai 2018
— Quelques agriculteurs et agricultrices du collectif contre les normes

[1Sur ce sujet on conseille vivement la lecture éclairante de deux textes : « Des dynamiques inhérentes aux mouvements de contestation », ainsi que « Le mouvement est mort, vive la réforme ».

[2Appel publié sous le nom « Pour un projet coopératif d’avenir qui respecterait le bien commun et la biodiversité et permettrait une désescalade à Notre-Dame-des-Landes », signé par des dizaines d’agronomes, professeurs, agriculteurs, ingénieurs...

[3Plan de Développement Économique, sésame normatif auquel tous les candidats agriculteurs doivent se conformer pour avoir le droit de l’être.

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 À écouter

(collectif hors norme) Appel pour retrouver un sens politique a la lutte qui se joue sur la ZAD
(collectif hors norme) Appel pour retrouver un sens politique a la lutte qui se joue sur la ZAD

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Réponse au Collectif contre les normes
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